A l’aéroport Ben Gourion, les forces de l'ordre sont sur le pied de guerre. « Plusieurs centaines de policiers ont été déployés pour éviter tout désordre. Ils ont reçu pour consigne d'agir avec fermeté et retenue, en arrêtant sur le champ tout fauteur de troubles », a déclaré ce jeudi à l'AFP le porte-parole de la police Micky Rosenfeld.
Ces policiers, dont des membres de l'unité d'élite chargée d'intervenir en cas d'attentat et des gardes-frontières, ont été envoyés en renfort des centaines d'agents de sécurité opérant régulièrement à l'aéroport. Un tel dispositif n’est-il pas disproportionné alors que la démarche des militants pro-palestiniens attendus dans les prochaines heures est pacifique ? « L'aéroport n'est pas un champ de bataille, concède Micky Rosenfeld. Et en conséquence, les policiers n'ont pas été équipés de matraques, de grenades lacrymogènes » ou d'autre matériel antiémeutes.
« Nous sommes devenus cinglés »
Dans la classe politique israélienne, certains reprochent aux autorités de surestimer le danger. Un ancien porte-parole de l'armée, le député du parti centriste Kadima (opposition) Nahman Shaï, déplore qu' « Israël continue à traiter comme une menace militaire des manifestations de civils non armés » telles qu'elles se produisent dans tout le monde arabe.
Tout en admettant l'objectif dissuasif de la mobilisation policière à l'aéroport, les médias israéliens critiquent eux aussi son caractère excessif. La radio publique dénonce une véritable « hystérie » des autorités. Le quotidien à grand tirage Yediot Ahararonot, pourtant classé à droite, titre : « Nous sommes devenus cinglés », ironisant sur le fait qu'un « pays entier est sur les dents en attendant la venue d'une militante italienne octogénaire ».
Mais le gouvernement israélien reste intransigeant. Le ministre israélien de la Sécurité publique Yitzhak Aharonovitch a qualifié les militants pro-palestiniens de « hooligans ». Et il prévient qu'ils seront immédiatement expulsés en cas de manifestation, une procédure déjà régulièrement appliquée par le passé.
Des centaines de militants attendus d’Europe et des Etats-Unis
L’opération a été baptisée « Bienvenue en Palestine ». En provenance de France, de Belgique, d'Allemagne, du Royaume-Uni, des Etats-Unis et d'Italie, c’est en principe à partir de vendredi 8 juillet que les militants sont attendus en Israël. Par internet, des associations de soutien aux Palestiniens ont appelé leurs sympathisants à converger vers l'aéroport de Tel Aviv. L’objectif est de se rendre ensuite dans les Territoires palestiniens, dont Israël contrôle tous les accès, à l'exception de la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte.
Selon les organisateurs de l'évènement, il s'agit de marquer l'anniversaire de la décision, le 9 juillet 2004, de la Cour internationale de Justice (CIJ) selon laquelle la barrière de séparation construite par Israël en Cisjordanie est illégale.
Le Dignité-Al Karama bloqué en Crète
Cette initiative survient après l’échec de la flottille pour Gaza qui souhaitait forcer symboliquement le blocus maritime du territoire palestinien. Sous la pression d'Israël, qui a menacé d'utiliser la force contre les navires, les autorités grecques interdisent depuis vendredi dernier le départ de tout bateau pour Gaza, invoquant la nécessité de « protéger les passagers ».
En Grèce, le seul navire de la flottille à avoir pu prendre le large, le bateau français Dignité-Al Karama, était bloqué en Crète (sud) par les autorités grecques. Le Dignité Al-Karama transporte douze personnes, dont le Français Olivier Besancenot, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), et Nicole Kiil-Nielsen, eurodéputée d'Europe-Ecologie-Les Verts (EELV). Le navire a été convoyé au port de Sitia, en Crète, par des garde-côtes grecs après avoir été intercepté à quai dans un port voisin au moment où il faisait le plein de carburant.