Avec notre envoyé spécial à la frontière turco-syrienne, Jérôme Bastion
La décision en avait été prise par le ministre turc des Affaires étrangères lors de sa visite surprise ici mercredi dernier. Ahmet Davutoglu avait visité les camps du Croissant-Rouge et était venu jusqu’à la frontière pour se rendre compte par lui-même de la situation ; il avait ensuite notifié cette décision à l’envoyé spécial de Bachar el-Assad qui, au même moment l’attendait à Ankara.
Ce 19 juin au matin, l’agence de gestion des Catastrophes et des situations d’urgence vient d’annoncer officiellement le début de ces opérations de distribution, avec l’aide de l’armée qui contrôle la zone, ce qui empêche d’ailleurs de constater visuellement côté turc la réalité de ces livraisons. En fait, il est connu que quelques organisations non gouvernementales turques faisaient déjà passer, de nuit, des produits de première nécessité de l’autre côté de la frontière, et ce bien sûr au vu et au su des soldats garde-frontière qui fermaient les yeux.
C’est le Croissant Rouge turc, une agence officielle donc, qui est chargé de cette distribution, qui se fait sans pénétrer sur le territoire syrien, au « point 0 » comme on dit. Mais cela signifie tout de même que cette opération constitue quasiment un acte d’ingérence humanitaire, ce qui est tout-à-fait nouveau pour la Turquie. Et cela dénote de la part d’Ankara un agacement de plus en plus grand, après avoir accueilli déjà 10 553 citoyens syriens, selon le dernier décompte officiel. Progressivement, la Turquie coupe les ponts avec Damas.