Avec notre correspondant à la frontière turco-syrienne, Jérôme Bastion.
Bdama est surtout le village d’où est originaire un officier supérieur de l’armée syrienne; le colonel Hammoush – c’est sa seule identité connue – est aujourd’hui réfugié en Turquie.
Le fait qu’il ait déserté signait en quelque sorte son arrêt de mort, celui de ses proches parents, son clan, ses biens. C’est très certainement ce qui est arrivé avec cette opération punitive de l’Armée syrienne. Parce que non seulement le colonel Hammoush a fui, mais surtout il a refusé de tirer sur la foule comme on le lui demandait.
C’est là que les choses se corsent, puisque – explique-t-il – si la troupe refuse d’obtempérer, c’est-à-dire de tirer sur les opposants, les soldats sont simplement exécutés par leurs supérieurs.
Eux-mêmes, s’ils n’appliquent pas ces ordres, ils peuvent être abattus par des éléments extérieurs, chiites du Hezbollah libanais ou d’Iran – plusieurs témoignages parlent de cette présence étrangère en Syrie depuis le soulèvement – ce qui donnerait à cette affaire une tournure ethnico-religieuse très dangereuse.