La révolte avait commencé à gronder le 15 mars dernier, à Damas, suite à un appel sur une page Facebook « pour une Syrie sans tyrannie, sans loi sur l'état d'urgence, et sans tribunaux d'exception ».
Puis le 17 mars, les rassemblements s'étaient propagés à Banias sur la côte méditerranéenne et surtout à Deraa dans le sud-ouest près de la frontière jordanienne, présentée désormais comme le foyer de la contestation, la ville a été encerclée et assiégée par l'armée, des snipers tirant sur la foule, un scénario qui s'est répété ensuite dans d'autres villes comme à Homs dans le centre du pays ou à Rastan et Talbisseh.
La répression par les forces de sécurité et l'armée est sanglante, notamment à la sortie des mosquées, les lieux de prière étant le seul moyen au début pour la population de se rassembler en nombre.
Depuis, la révolte s'est étendue à d'autres villes. Fin mars à Lattaquié, sur la côte, à Douma au nord de Damas, puis à Homs, et même à Qamishli dans le Kurdistan syrien ou à Deir Ez Zor dans l'est.
La démission du gouvernement, la formation du nouveau mi-avril, la levée de l'état d'urgence ou l'amnistie générale décrété par le président n'y ont rien changé. Au contraire, les manifestants continuent et s'organisent. Des comités locaux de coordination se mettent en place, les manifestations sont mieux cadrées et se multiplient dans la plupart des villes syriennes, les forces de sécurité et l'armée interviennent mais ne peuvent pas encercler toutes les villes.
Les Européens mettent la pression sur les membres de l'ONU
Sur le terrain diplomatique, les discussions se poursuivent au Conseil de sécurité de l'ONU. La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne veulent faire voter une résolution qui prévoit de condamner la répression organisée par le régime du président syrien Bachar el-Assad. La Russes et la Chine s'opposent à cette solution.
Les mots ne sont pas choisis au hasard. Dans une interview accordée à la télévision, William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères, a appelé le Conseil de sécurité à prendre une position claire sur la Syrie.
De son côté, son homologue allemand, Guido Westerwelle, rappelle que cette résolution est une urgence. Le message est limpide : les Européens mettent la pression sur les membres du Conseil de sécurité de l'ONU.
Le projet de résolution sur la Syrie est présenté par : la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et Portugal. Les Etats-Unis ont déjà apporté leur soutien à ce texte. Mais jusqu'à maintenant, l'Afrique du Sud, le Brésil et l'Inde ont exprimé de sérieuses réserves.
Pour être acceptée, cette résolution doit aussi échapper à un veto Chinois ou Russe. Les deux membres permanents du Conseil de sécurité sont opposés à cette solution. Mais si une large majorité se dégage, il sera plus difficile pour Moscou et Pékin d'opter pour un véto.
Les Européens travaillent donc à convaincre les plus réticents. « Nous essayons de leur expliquer que s'abstenir revient à prendre parti pour la Syrie », souligne un diplomate. Le vote pourrait avoir lieu dans les jours prochains.