Syrie : la France plaide pour une résolution au Conseil de sécurité

La France veut déposer un projet de résolution sur la répression en Syrie au Conseil de sécurité des Nations unies. Le responsable de la diplomatie française, Alain Juppé, a fait le déplacement à New York hier mardi 7 juin 2011 et il se dit prêt à prendre le risque d'un veto de la Russie sur la question syrienne qui divise le Conseil de sécurité. Pendant ce temps, à Paris, l'affaire de la vraie-fausse diplomate syrienne en France agite les médias.

Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour

Le bras de fer dure depuis plusieurs semaines. Les pays occidentaux veulent une résolution sur la Syrie, mais la Russie fait blocage. Moscou refuse d'embarrasser la Syrie, allié de longue date où les Russes disposent d'une base militaire navale. La Chine et le Liban s'opposent également au texte.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, se dit prêt à passer en force, malgré la menace d'un veto russe. «Le régime syrien est en train de réprimer sauvagement les mouvements populaires. Pour nous, il serait inconcevable que les Nations unies restent silencieuses sur une telle situation. Nous travaillons donc avec nos amis britanniques et quelques autres à réunir une assez large majorité, une aussi large majorité que possible, au Conseil de sécurité et je pense qu’il faudra alors au vote afin que chacun puisse prendre ses responsabilités»  a-t-il déclaré.

La clé du vote réside maintenant dans l'attitude de l'Afrique du Sud, du Brésil et de l'Inde, très hésitants à voter une condamnation de la Syrie dont ils craignent qu'elle ne soit le premier pas vers une intervention militaire comme en Libye.


Y a-t-il encore un ambassadeur de Syrie en France ?

Alors que la France, avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis, fait pression en faveur d'une motion au Conseil de sécurité, l'affaire de la vraie-fausse diplomate syrienne en France agite les médias. Retour chronologique sur ce mystère médiatico-diplomatique.

Il est 19 heures 20 à Paris mardi soir 7 juin. Sur la chaîne télévisée France 24, l'ambassadrice Lamia Chakkour - ou une personne se faisant passer pour elle - affirme dans une déclaration audio : «J’ai informé le secrétaire personnel du président Bachar el-Assad que j’ai l’intention de remettre ma démission au président…». Elle précise également que sa démission prend effet immédiatement.

A Damas, les médias officiels démentent rapidement cette démission. Un peu plus tard, la chaîne al-Arabia diffuse un autre enregistrement audio dans lequel une femme se présente comme la véritable ambassadrice syrienne en France. Elle dit ne jamais avoir donné d'interview à France 24 et dénonce une imposture.

Pour Abdul Raoul Darwich, opposant syrien en France, la démission de Lamia Shakkour semble pourtant très plausible car le régime continue de réprimer l'opposition et les diplomates pourront être un jour considérés comme complices de ses crimes. Selon lui, les diplomates peuvent donc être tentés de rejoindre l’opposition.

Du côté de France 24, on se montre prudent. Dans un communiqué publié quelques heures après la déclaration de la vraie ou fausse ambassadrice, la chaîne dit ne pas exclure une provocation.

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