La transition politique va prendre du temps au Yémen, mais encore faut-il qu'elle puisse se faire. Pour l'opposition, c'est un peu une course contre la montre qui s'est engagée pour empêcher le président Saleh de revenir au pouvoir.
« La seule façon dont l'opposition peut l'empêcher (le président Saleh) de revenir, explique, Ali Saif Hassan, un analyste indépendant de Sanaa, c'est d'obtenir un accord politique. C'est le seul moyen car ils (les opposants) ne contrôlent pas le pays ».
Le problème est que l'opposition est composée d'une multitude de partis. Ils doivent se mettre d'accord et il faut surtout qu’ils composent avec les deux principales confédérations tribales. Elles aussi ont aussi des velléités de pouvoir. Quant à la proposition des jeunes manifestants, mobilisés depuis quatre mois, de créer « un Conseil présidentiel intérimaire pour diriger le pays », elle risque de rester lettre morte.
« Non, cela a peu de chance d'être pris en compte, explique Ali Saif Hassan. Les jeunes peuvent toujours célébrer le départ du président; mais ils n'ont aucun droit de décider des types d'actions politiques qui peuvent être prises. Nous avons des partis politiques, ce sont à eux de prendre ce genre de décisions ».
L'Arabie Saoudite, où se fait actuellement soigner le président Saleh, va certainement également peser dans la balance. Les analystes sont d'accord sur ce point. Le royaume saoudien devrait pousser le président Saleh à accepter le plan de sortie de crise négocié par les pays du Golfe. Ce serait la meilleure façon de sortir de la crise en évitant un bain de sang.