Avec notre correspondante à Damas, Sophie Dumont
La conseillère du président syrien Bachar el-Assad, Boussaïna Chaabane, a annoncé la création d’une commission chargée d’examiner l’abrogation de l’état d’urgence. En vigueur depuis 1963, elle permet des arrestations sans mandat et des incarcérations sans procès. Cette commission devra également étudier les moyens de relever le niveau de vie de la population qui doit souvent cumuler deux à trois travaux pour survivre.
Madame Chaabane a en outre ajouté que de nouveaux mécanismes pour lutter contre la corruption vont être mis en place. Elle a précisé que le président n’avait pas donné l’ordre aux forces de police d’ouvrir le feu sur les manifestants à Deraa.
Bachar el-Assad a également promis une législation sur la liberté de la presse et sur les partis politiques. Il a par ailleurs promulgué un décret prévoyant une augmentation immédiate de 30% des salaires pour les employés de la fonction publique et a ordonné la libération de tous les manifestants arrêtés durant les événements de Deraa.
Des promesses non convaincantes
Si ces annonces étaient très attendues par la population syrienne qui ne veut pas de crise en Syrie mais du changement, elles sont loin de l’avoir convaincue. Plus que des promesses, ce sont des réformes concrètes que les Syriens attendent, à commencer par la liberté d’expression et la suppression de la police secrète, omniprésente en Syrie.
D’autre part, d’après des opposants, le fait que la conseillère du président mette en doute la mort à Deraa des cent manifestants annoncée par les défenseurs des droits de l’homme ce mercredi 23 mars, en ramenant le chiffre à une dizaine de personnes, et qu’elle parle également d’une possible erreur dans l’usage de balles réelles par les forces de l’ordre syriennes, montre encore une fois que ce gouvernement n’est pas prêt à changer et qu’il n’a pas confiance en son peuple.
Par ailleurs, aucune annonce n’a été faite quant au sort des prisonniers politiques enfermés depuis des dizaines d’années et celui des centaines de personnes arrêtées arbitrairement pour avoir exprimé leurs opinions sur Internet ou dans la rue depuis un mois.