Bahreïn : l'armée affirme sa volonté de rétablir l'ordre

L'armée bahreïnie a annoncé jeudi 17 février avoir pris toutes les mesures « préventives et fermes pour rétablir l'ordre et la sécurité publiques ». La nuit dernière, les forces de sécurité ont dispersé violemment des milliers de manifestants qui réclamaient des réformes, place de la Perle à Manama. Bilan : quatre morts et une centaine de blessés, selon l'opposition.

Avec notre correspondante à Manama, 

Le rond-point de la place la Perle est vide, encerclé par des dizaines de voitures de police. Des policiers portent des fusils à pompe et des lanceurs de gaz lacrymogène ainsi que d’autres types d’armes.

Les policiers empêchent les entrées et les sorties. Les habitants de la place ne peuvent quitter leur demeure depuis la matinée de ce 17 février. Dans les rues environnantes, les balles en caoutchouc montrent que les policiers ont poursuivi les manifestants sur plusieurs kilomètres. Quelques chars stationnent sur l’autoroute près de la place.

C’est la première fois que l’armée intervient dans le cadre de manifestations. L’un des médecins qui était présent au moment de l’intervention raconte qu’une clinique avait été installée sur place pour s’occuper d’éventuels blessés durant les manifestations et qu’ils ont été attaqués violemment ce matin. L’un des chirurgiens a été battu, menotté. Il se trouve actuellement en soins intensifs.

A l’hôpital plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées furieuses, et depuis plusieurs heures crient : « A bas le régime ». A l’intérieur quelques dizaines de blessés, des enfants également. Un dernier bilan fait état d'au moins deux personnes tuées : un jeune de 23 ans et un homme de 58 ans.

Le rond-point de la Perle a été évacué et est encerclé toujours par des dizaines de voitures de police, des policiers portant des fusils à pompe, des lanceurs de gaz lacrymogène. Ils empêchent toutes les entrées de voiture.

Le ministère de l’Intérieur a fait une déclaration après l’attaque, ce matin, disant que la police avait fait preuve de discipline et tenté le dialogue mais que les manifestants restés sur place avaient abusé de leurs droits.

La brutalité de l’intervention franche, contrastant avec l’atmosphère bon enfant qui régnait depuis la veille dans la place, est d’autant plus étonnante que mardi, le roi avait tenu un discours d’apaisement. Il avait aussi présenté ses condoléances aux familles des victimes.

A Riyad, l'on suit attentivement l'évolution du climat car les manifestations de Bahreïn pourraient avoir un effet d'entraînement sur la communauté chiite d'Arabie Saoudite. La Grande-Bretagne, elle, se dit inquiète sur la situation et parle d'un usage excessif de la force. Les Etats-Unis quant à eux appellent à la modération.
 

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