Le régime
Le numéro un du régime reste le président Hosni Moubarak âgé de 83 ans. Ancien général et commandant en chef de l’armée de l’air, il continue à avoir le soutien de la grande muette dont les chars sont déployés sur les grandes places et aux points stratégiques au Caire, à Alexandrie et à Suez. Lundi 7 janvier il a président un Conseil des ministres qui s’est tenu au palais de la présidence à Héliopolis. Hosni Moubarak s’est engagé à ne pas se présenter aux présidentielles.
Le numéro deux est le vice-président, le général Omar Souleimane, chef des services de renseignement. Il est respecté par la majorité des Egyptiens qui voient en lui un homme intègre. Il est aussi bien considéré à l’étranger et notamment aux Etats-Unis, principal bailleur de fonds de l’Egypte.
Le numéro trois est le Premier ministre, le général Ahmed Chafik. La réputation de cet ancien commandant en chef de l’armée de l’air n’a jamais été entachée de soupçons de corruption alors qu’il a manié des milliards en tant que ministre de l’Aviation civile, chargé de la compagnie nationale Egyptair et de la construction de nouveaux aéroports au Caire et ailleurs.
Dès leur prise de fonction, les deux généraux ont entrepris un dialogue avec l’opposition et un début de nettoyage des écuries d’Augias. La direction du Parti national démocrate (PND) a été décapitée et Gamal Moubarak, le fils du raïs qu’on donnait pour dauphin a été écarté. Le nouveau secrétaire du parti, Hossam Badrawi, est un réformiste et un homme d’ouverture qui avait été marginalisé par l’équipe sortante.
L’opposition
La confrérie des Frères musulmans, interdite depuis 1954 après un attentat raté contre son ex-allié le président Nasser, a retrouvé la légalité avec sa convocation au dialogue par le vice-président. Elle devient l’acteur majeur de l’opposition légale après avoir été pourchassée et parfois tolérée. Force structurée notamment grâce à un réseau d’aide sociale, la confrérie dont les membres sont estimés à 30 000 aurait la sympathie de 25% des Egyptiens.
Les partis « civils » , terme préféré à laïc dans une Egypte pieuse, d’opposition qui deviennent, via le dialogue ouvert, des interlocuteurs politiques alors que, pour la plupart, leur présence dans la rue est très faible. Seuls les partis Néo-Wafd (libéral), Tagamou (post-marxiste) et Nassérien (gauche) disposent d’une structure et d’une assise populaire.
La révolution
Une nébuleuse composée de jeunes de gauche et libéraux qui constituent la majorité des manifestants de la place Tahrir. Certains viennent des mouvements 6 avril, Kéfaya, Justice et Liberté, du parti du Front démocratique mais aussi de pages Facebook comme Khaled Saïd et des dizaines d’autres. C’est justement sur Facebook qu’ils ont
appelé au mouvement du 25 janvier qui a déclenché la révolte. Ce n’est pas un hasard si le régime a coupé Internet durant une semaine. Il y a les rattachés comme Mohamad el-Baradei, l’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Accueilli comme le sauveur il y a un an, il a perdu son assise populaire du fait de ses longues et nombreuses absences à l’étranger. Il n’est rentré en Egypte que le 27 janvier, quand le mouvement de contestation était déjà en marche. Il dispose d’une « Assemblée nationale pour le changement », de la division de laquelle est née une « Alliance nationale pour le changement ».
Les révolutionnaires refusent, à ce jour, de négocier avec le régime et exigent son départ, la constitution d’un gouvernement d’union nationale dont serait exclus les membres du régime et la rédaction d’une nouvelle Constitution.
La quatrième voie
Elle est composée d’intellectuels, de personnalités et d’hommes d’affaires indépendants. Elle regroupe un comité des sages. On y retrouve des présidentiables comme le prix Nobel de chimie, Ahmad Zowei,l et le charismatique secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Ils veulent une réforme démocratique en douceur pour éviter un effondrement constitutionnel