Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Malgré le couvre-feu, des voitures continuent à circuler. Les autorités ferment les yeux parce que le laps de temps qu’elles ont donné aux Egyptiens pour respecter le couvre-feu était très court - moins d’une heure - et qu’avec les distances qu’il y a au Caire ou même à Alexandrie et ailleurs, il était totalement impossible de le respecter. En outre, il y a tous les piétons qui ne trouvaient plus de moyens de transports publics et qui ont pris leur voiture. On continue donc à circuler doucement dans la soirée dans la capitale.
Par ailleurs, des actes de pillage et de vandalisme ont commencé. Des banques ont été attaquées, ainsi que des boutiques. ll y a un problème de sécurité réel qui s’installe et qui n’a plus rien à voir avec les problèmes politiques ou la réclamation du départ du président Hosni Moubarak.
Les chars de l'armée sont entrés au Caire
A la demande de M. Moubarak, l’armée s'est déployée dans le centre-ville du Caire, mais pour le moment elle n'intervient pas et ne pas fait usage de la force contre les manifestants, qui sont toujours dans la rue malgré le couvre-feu. On peut voir sur les images de télévisions satellitaires que l'armée sympathise même dans certains endroits avec les opposants.
Les Egyptiens aiment leur armée. Les manifestants ont d'ailleurs accueilli les militaires à bras ouverts quand ils sont arrivés dans leurs blindés. Certains sont même montés sur des chars. L’armée égyptienne a bonne réputation. Patriotique, elle n’est pas corrompue et a, en tout cas pour les Egyptiens, gagné une guerre contre Israël. Le grand respect de l’armée fait qu'elle est très bien vue, pour le moment.
De violents heurts avec la police
La police a réprimé violemment les rassemblements toute la journée, que ce soit au Caire, à Suez ou à Alexandrie. Rien que dans la capitale, il y aurait eu cinq morts et plus de 800 blessés, selon l'agence de presse Reuters. Ce soir, le siège du PND, le parti au pouvoir, est toujours en feu.
En dehors de l'internet et des téléphones portables, certaines lignes de téléphone fixes ne fonctionnent plus. L'aéroport du Caire diffère ses départs. Un avion d'Air France qui devait atterrir ce soir a été dérouté sur Beyrouth. Au Caire, tous les ingrédients d'une révolution en marche sont réunis, sans que l'on puisse en prévoir l'issue à l'heure actuelle.