Avec notre envoyée spéciale au Caire, Véronique Gaymard.
Ils sont une dizaine, des jeunes entre 25 et 30 ans, hommes et femmes. Ils discutent des stratégies de rassemblement et de repli pour les manifestations de ce vendredi. Les portables sonnent en permanence alors qu’Internet a été coupé dans tous le pays depuis minuit. Sana note des numéros de téléphone sur un bout de papier. « On prend les numéros fixes de gens. S’ils sont arrêtés, on aura au moins les contacts de leurs parents, de leurs amis pour les avertir ».
Et pour descendre ce vendredi dans les manifestations, il faut prendre ses précautions. « Je prends mon portable, explique Samir, je vais prendre un peu d’argent et ma carte d’identité. Mais je ne vais rien prendre de valeur que je pourrais perdre. Je vais aussi prendre des bouteilles d’eau, de quoi me protéger des gaz lacrymogènes. C’est efficace, c’est ce que nous ont dit nos amis Tunisiens sur Facebook. Facebook nous permet de continuer à communiquer avec d'anciens manifestants tunisiens qui ont déjà vécu tout cela et qui savent un peu comment se comporter dans ce genre de moment ».
Ce groupe de jeune descend dans la rue pour demander un changement en profondeur. « Je descends pour dénoncer la brutalité de la police, ajoute Samir. Je demande que le ministre de l’Intérieur démissionne et que l’état d’urgence soit levé. Ce sera un bon départ et une victoire morale ».
Plusieurs manifestations sont prévues dans toute l’Egypte. Elles pourraient rassembler encore plus de monde que celles du 25 janvier dernier.