A la différence de la Tunisie, le régime égyptien est une créature de l'armée. C'est elle qui, en 1952, après un coup d'Etat, a créé la République et a nommé les présidents. C'est l'armée égyptienne -dont est issu Hosni Moubarak- qui est aujourd'hui encore un véritable pilier politique du pouvoir. Dans ce pays qui vit depuis 3 décennies sous état d'urgence, l'armée est qualifiée par les diplomates américains, « de centre du pouvoir ».
Même si, dans un télégramme américain daté de 2008 et publié par WikiLeaks, l’armée égyptienne est qualifiée « d’institution en déclin », elle n’en reste pas moins « puissante » à l’intérieur du pays. C'est elle qui garantit la stabilité du régime, car d’après toujours les diplomates américains, elle opère à travers le pays « un vaste réseau d’entreprises commerciales particulièrement actives dans le secteur de l’eau, l’huile d’olive, le ciment, la construction, l’hôtellerie et les stations essence ».
Un coup d’Etat militaire n’est pas à exclure
Les analystes s'accordent à dire que l'armée n'hésitera pas à prendre les devants si elle sent que le système politique est menacé. L’armée n’est pas descendue dans les rues du pays depuis janvier 1977, depuis les émeutes de la faim.
D'après un mémo confidentiel de l'ambassade américaine au Caire, publié également par WikiLeaks, les diplomates qui exploraient, dès 2007, les scénarios possibles en cas de décès du président Moubarak n'excluaient pas un coup d'Etat des militaires pour notamment empêcher l'arrivée au pouvoir du fils du président. Gamal Moubarak, poussé par son père pour prendre la relève, a davantage de soutiens dans le monde du business libéral que dans l'armée, qui lui reproche de ne « même pas avoir terminé son service militaire obligatoire ».
Par ailleurs, anticipant sur la fin prochaine du régime Moubarak, l'un de ses plus farouches opposants, Mohamed el Baradei, célèbre dans le monde entier car il a été patron de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a annoncé qu'il rentrait au Caire et qu'il prendrait part, dès demain, aux manifestations contre le pouvoir actuel. Et l'opposant va plus loin, puisqu'il se propose déjà de mener la période de transition qui suivrait la chute du régime actuel.