Iran/AIEA : un dialogue sans concessions

Trois puissances de l'Union européenne accusent l'Iran, avec son programme nucléaire, de «suivre le chemin de l'affrontement » . L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne exhortent donc l'Iran à répondre à leurs inquiétudes ; inquiétudes exprimées à l'occasion d'une réunion à huis clos du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne et à quelques jours d'une reprise des discussions entre l'Iran et le groupe des 5+1, le 6 décembre prochain, à Genève.

Les plus optimistes verront dans la rencontre de Genève, une reprise du dialogue. Les autres, tout au plus une nouvelle tentative diplomatique de convaincre l’Iran de faire preuve de la plus totale transparence sur son programme nucléaire. Et, au vu du dernier rapport publié par l’AIEA, cela semble loin d’être acquis.

L’Agence internationale, dont le Conseil des gouverneurs est réuni ces jeudi 2 et vendredi 3 décembre 2010 à Vienne, a confirmé que le gouvernement iranien avait multiplié les obstacles aux inspections menées par l’agence. En septembre dernier, un rapport de l’Agence indiquait que la République islamique « n’a pas apporté la coopération voulue pour lui permettre de confirmer que toutes les matières nucléaires se trouvant sur son territoire sont affectées à des activités pacifiques. Plus précisément, l’Iran ne se conforme pas aux exigences énoncées dans les résolutions pertinentes du Conseil des gouverneurs et du Conseil de sécurité, notamment en ce qui concerne l’application du protocole additionnel, résolutions qui sont indispensables pour instaurer la confiance, dans l’objectif exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien de régler les questions en suspens. En particulier, l’Iran doit coopérer à la clarification des questions en suspens qui suscitent des préoccupations quant aux dimensions militaires possibles de son programme nucléaire, y compris en donnant accès à tous les sites, équipements, personnes et documents demandés par l’AIEA ».

Au sein du groupe des cinq plus un, on reste donc très prudent sur l’issue de la réunion avec les responsables iraniens des lundi 6 et mardi 7 décembre prochains à Genève. Un diplomate occidental estime que « le point positif est que l’Iran ait accepté la tenue de cette réunion, proposée par Madame Ashton ». Un satisfecit immédiatement tempéré par le fait que les deux parties semblent toujours très loin d’un compromis. « Nos demandes n’ont pas varié. Nous voulons le respect des résolutions de l’ONU, des assurances sur la finalité du programme nucléaire ainsi qu’une coopération pleine et entière de l’Iran avec l’AIEA », a indiqué un diplomate européen impliqué dans ces négociations.

Quant à l’échange de combustible destiné au réacteur de recherche médical de Téhéran, les Occidentaux rappellent qu’il s’agit d’une question annexe. « Et en tout état de cause, il faudra revoir largement à la hausse la quantité d’uranium que l’Iran devrait faire sortir car le pays a continué depuis des mois à enrichir son uranium ».

De l’efficacité des sanctions

Depuis quatre ans, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté pas moins de six résolutions consacrées au nucléaire iranien, dont quatre assorties de sanctions. Parallèlement, les Etats-Unis et l’Union européenne ont adopté des sanctions bilatérales supplémentaires.

Et si l’on en croit le secrétaire adjoint américain au Trésor, Stuart Levey, « l'Iran a été surpris par la vigueur des sanctions prises à son encontre par l'ONU et les Etats-Unis. Ce que nous avons constaté jusqu'ici est spectaculaire. Il y a des signes clairs que la rapidité, l'envergure et l'impact des sanctions ont pris le régime iranien par surprise. Avec une grande régularité, des entreprises majeures, de nombreux secteurs d'activité annoncent qu'ils cessent de faire des affaires avec l'Iran, et que la République islamique rencontre de plus en plus de difficultés à mener de grosses transactions en euros et en dollars », a-t-il ajouté.

Côté iranien, on dément tout impact de ces sanctions. Le négociateur iranien en charge de ce dossier nucléaire, Saïd Jalili a estimé mercredi 1er décembre 2010 que les Occidentaux « ont utilisé tous les moyens à leur disposition, comme voter des résolutions, imposer des sanctions et exercer des pressions politiques, mais ils n'ont abouti à rien. Aujourd'hui, ils ont recours à l'assassinat, ce qui montre leur désespoir de se trouver dans une impasse ».

Le gouvernement iranien a accusé les services secrets américains et israéliens d’être à l’origine de l’attentat à la voiture piégé qui a entraîné la mort d’un scientifique iranien impliqué dans le programme nucléaire de son pays. Une accusation qui risque d’alourdir un peu plus le climat de la réunion de Genève. Dans ce contexte, on voit mal les deux parties parvenir à un compromis. 

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