Avec notre correspondante à Bagdad, Fatma Kizilboga
Les Irakiens ne s’attendaient pas à une sortie de crise aussi rapide. Ni même les députés du Bloc irakien qui ont choisi de boycotter l’élection présidentielle en quittant l’hémicycle. Ces derniers soutenus par le leader de leur formation pro-sunnite, le laïc Iyad Allaoui, exigeaient que le Parlement vote, au préalable, une loi mettant officiellement fin au programme de débaasification. Une demande rejetée par le président du Parlement fraîchement élu Oussama al-Noujaifi.
C’est donc en l’absence de plus d’un tiers des élus que c’est déroulé le scrutin présidentiel, 57 députés étant actuellement en pèlerinage à la Mecque en cette veille de la fête de l’Aïd al-Adha.
Sans surprise, c’est donc le Kurde Jalal Talabani, âgé de 77 ans, qui a été reconduit à ses fonctions pour un mandat de quatre ans. Aussitôt, le nouveau chef de l’Etat a désigné son Premier ministre Nouri al-Maliki, qui conserve son fauteuil au terme de huit mois de tractations politiques. Le favori du régime de Téhéran dispose désormais d’un mois pour former le prochain cabinet.
Un échec pour les États-Unis
Barack Obama, le président américain, décidé à respecter le calendrier du retrait total de ses troupes prévu fin 2011, et qui craint que l’Irak ne tombe dans les mains de l’Iran, avait demandé à Jalal Talabani de céder le poste de président de la République au laïque Iyad Allaoui. Mais les kurdes ont refusé de faire la moindre concession sur la question. C’est donc un nouvel échec pour les Américains dans le bilan de la guerre en Irak, puisque la chute du régime de Saddam Hussein aura sans doute davantage profité à l’Iran qu’aux États-Unis.