Avec notre correspondant à Ramallah, Karim Lebhour
Les manifestants répondaient surtout à l’appel des partis de gauche et des milieux associatifs. Quelques centaines de personnes, ce n’est pas un rassemblement massif, mais le sentiment anti-négociations est très largement partagé dans l’opinion palestinienne, beaucoup plus que ces quelques centaines de personnes qui se sont rassemblées sur la place centrale de Ramallah.
Il est très difficile de trouver des pro-négociations dans les territoires palestiniens en dehors des dirigeants des autorités palestiniennes. Et l’idée principale est que les négociations sont une perte de temps et qu’elles servent d’abord à Israël à gagner du temps pendant que la situation sur le terrain se dégrade et que les colonies se développent. Pour cela les manifestants demandent aux autorités palestiniennes d'arrêter de négocier. C’est une position qui gagne aussi en puissance au sein même du Fatah et l’un des manifestants portait une pancarte par exemple avec la définition de l’idiotie qui était selon lui, de refaire sans cesse la même erreur en espérant à chaque fois que le résultat sera différent.
Tous ceux qui s'opposent à ces négociations affirment que les Palestiniens ont accepté d’aller à Washington dans de très mauvaises conditions, sans avoir obtenu le gel des colonies, sans même avoir obtenu une déclaration ou un arrangement clair du Quartet sur cette question. Très pessimistes, ils prévoient qu’au mieux ces négociations seront inutiles, et au pire, les Palestiniens pourraient être poussés à un accord qui sera inacceptable par une large partie de la population.
Alors quelle alternative ?
Le reproche qui est fait à l’Autorité palestinienne, c’est de miser seulement sur ces négociations et depuis bien trop longtemps. Les manifestants souhaitent, que les Palestiniens réfléchissent à d’autres moyens pour mettre fin à l’occupation, par exemple, « la résistance populaire », c’est-à-dire les campagnes de boycott, de désinvestissement et de sanctions contre Israël. On parle beaucoup également d’actions en justice contre les entreprises ou les compagnies internationales qui prendraient part à la construction des colonies en Cisjordanie. C’est un mouvement qui monte au sein de l’opinion palestinienne.
Par ailleurs, un autre mouvement qui gagne du terrain, est celui de « l’Etat unique ». Un groupe de Palestiniens a lancé une campagne en Cisjordanie ces dernières semaines pour demander l’intégration des Palestiniens et des Israéliens dans un seul Etat, avec les mêmes droits civiques. Et c’est un courant d’opinion qui commence à sortir des marges dans lesquelles il était encore il y a quelques années.