« Aube nouvelle » pour l’Irak

Barack Obama a tenu l’une de ses promesses de campagne. Les troupes combattantes américaines ont quitté l’Irak. Jusqu’à la fin 2011, les Etats-Unis maintiennent toutefois 50 000 soldats qui seront chargés de former et d’encadrer les troupes irakiennes. Bilan de sept ans et demi d’opération « Liberté pour l’Irak ».

« Les principales opérations de combat sont terminées. Les Etats-Unis et leurs alliés l’ont emporté. Désormais, nous sommes engagés dans une opération de sécurisation et de reconstruction de l’Irak ». C’est du porte-avions USS Lincoln, en mai 2003, que le président George Bush proclame la victoire éclair contre le dictateur irakien Saddam Hussein. Mais il faudra attendre sept ans et demi pour que les dernières troupes combattantes quittent le territoire irakien. Le successeur de George Bush à la Maison Blanche, le démocrate Barack Obama déclare la fin officielle de l’opération « Liberté pour l’Irak ».

Désormais le pays entre dans une « aube nouvelle ». En sept ans et demi de présence, l’armée américaine aura réussi à renverser Saddam Hussein mais la sécurisation du pays est loin d’être acquise comme l’explique Peer de Jong. Colonel de réserve, cet ancien aide de camp des présidents français, François Mitterrand et Jacques Chirac, dirige aujourd’hui la société Intelligence Knowledge

A peine arrivés à Bagdad, les Américains commettent également une erreur politique et stratégique qui sera lourde de conséquences. L’administrateur civil Paul Bremer décrète le démantèlement de l’armée irakienne. Il estime que la grande majorité de ses officiers et de ses soldats restent fidèles à Saddam Hussein. Pour Peer de Jong, « les Américains auraient dû s’appuyer sur l’armée irakienne qui était relativement efficace ainsi que pour les questions politiques et de gestion interne du pays, sur l’administration locale ». Il faudra plusieurs années pour que le gouvernement américain reconnaisse son erreur.

Près de vingt mille officiers irakiens radiés pour appartenance au parti Baas seront finalement réintégrés. Mais alors que les dernières troupes combattantes américaines ont quitté le pays, la nouvelle armée irakienne est encore loin d’être opérationnelle comme l’explique l’historien Pascal Lepautremat.

De son bureau ovale à Washington, le président américain a indiqué, le 31 août, dans la soirée que « la page de l’Irak pour les Etats-Unis est désormais tournée ». En clair, pour Barack Obama ce sont désormais les Irakiens qui doivent prendre leur destin en main. Mais le pays est aujourd’hui plongé en pleine crise politique. Sept mois après les élections législatives qui n’ont pas permis de dégager une majorité au Parlement, les chefs de file des divers courants politiques sont incapables de trouver un compromis.

L’actuel Premier ministre Nouri al-Maliki, contesté, au sein même de sa coalition par les partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr, refuse de quitter son poste. Pour Pascal Lepautremat, « les Américains peuvent se targuer d’avoir permis l’émergence du multipartisme. Mais dans le même temps, les divisions entre chiites et sunnites perdurent et il reste tout à faire pour qu’un nouveau régime légitime et soutenu par la majorité de la population, se mette en place ». 

Une situation sécuritaire très instable

Dans ce contexte d’incertitude politique, l’Irak doit également gérer une situation sécuritaire qui reste très instable. Les groupes radicaux parviennent toujours à commettre des attentats meurtriers et l’armée irakienne aura besoin de temps avant de pouvoir assumer l’ensemble des tâches qu’assumait depuis 2003 l’armée américaine. « L’armée irakienne est actuellement sous-équipée en matériels lourds, en véhicules blindés et en aéronefs. Il y a encore un travail considérable à faire en matière d’équipement, de formation et de mise en place opérationnelle. Le chef d’état-major irakien reconnaît lui-même que ses troupes ne seront pas en mesure d’assurer pleinement toutes les tâches qui leur sont dévolues avant 2020 »,  note l’historien Pascal Lepautremat.

Pour l’heure cinquante mille soldats américains restent déployés en Irak. Ils sont chargés de poursuivre la formation des troupes irakiennes. Parallèlement plusieurs milliers d’employés des sociétés privées de sécurité continuent à travailler dans le pays où la situation sécuritaire reste fragile. L’aube nouvelle annoncée par Barack Obama n’est pas encore la garantie d’un avenir radieux pour l’Irak. 

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