Le Quartette annonce la reprise officielle des pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens

Le Quartette pour le Proche-Orient, composé des Etats-Unis, de la Russie, de l’Union européenne et des Nations unies a annoncé, vendredi 20 août 2010, la reprise des pourparlers directs entre Israël et l’Autorité palestinienne. Ils doivent reprendre le 2 septembre 2010 à Washington en présence de Barack Obama. Le président américain entend ainsi honorer les engagements pris lors de son discours du Caire en juin 2009.

Une « photo-op » : en terme technique, il s’agit d’une rencontre au sommet immortalisée par les photographes, et dont le résultat est le plus souvent décevant. Le président américain espère bien faire mentir cette tradition, en accueillant à la Maison Blanche son homologue palestinien Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.

Barack Obama espère ainsi reprendre la main sur un dossier pour lequel il avait suscité beaucoup d’espoir dans le monde arabe et musulman, avant de se heurter à la réalité d’un processus politique totalement bloqué.

En juin 2009, dans un discours tenu au Caire, le nouveau locataire de la Maison Blanche avait réitéré le soutien de son pays aux « aspirations légitimes des Palestiniens à un Etat », soulignant que la « seule solution au conflit avec Israël résidait dans celle prévoyant deux Etats ».

L’attachement des Etats-Unis à la sécurité d’Israël

Quelques mois plus tard, le président américain, visiblement frustré de l’absence de tout dialogue entre Israéliens et Palestiniens, dénonce un projet de colonisation dans la partie occupée et orientale de Jérusalem. « Je pense que de nouvelles constructions ne contribuent pas à la sécurité d'Israël. Cela lui rendra plus difficile de faire la paix avec ses voisins. Cela aigrit les Palestiniens à un point qui pourrait devenir très dangereux », indique Barack Obama dans une interview à la chaine américaine Fox News.

Parallèlement, le président américain ne cesse de réitérer l’attachement des Etats-Unis à la sécurité d’Israël. Il prend donc comme un véritable camouflet personnel l’annonce, en mars 2010, d’un nouveau projet immobilier destiné à des familles juives à Jérusalem-Est. Et ce, alors que son vice-président, Joe Biden, est en visite en Israël.

« Je condamne cette décision qui sape la confiance nécessaire en ce moment », lance le numéro deux de l’exécutif américain. Le gouvernement américain prend d’autant plus mal cette annonce que son émissaire pour le Proche-Orient, George Mitchell, est parvenu au terme de plusieurs visites dans la région, à obtenir, maigre résultat, le début de pourparlers indirects entre Israël et l’Autorité palestinienne.

Retour en arrière

Les Etats-Unis n’ont pu que constater le blocage des discussions entre Israéliens et Palestiniens. En l’absence d’engagements concrets d’Israël, en particulier sur ce dossier sensible de la colonisation, le président de l’Autorité palestinienne a renoncé à tout dialogue direct avec l’Etat hébreu, ramenant ainsi le processus à la situation qui prévalait avant la signature des accords dit d’Oslo de 1993, signés déjà sous l’égide des Etats-Unis.

L’Autorité palestinienne juge insuffisant le moratoire de dix mois annoncé en novembre 2009 par Benyamin Netanyahu sur les nouvelles constructions dans les colonies de Cisjordanie occupée. Insuffisant car Jérusalem, que l’Etat hébreu considère comme sa capitale éternelle et indivisible, est exclue de ce moratoire. Sans compter que ces dernières semaines, le chef du gouvernement israélien a indiqué qu’il ne sera pas étendu au-delà de la date butoir du 26 septembre prochain. Tous ces éléments expliquent le refus de Mahmoud Abbas de reprendre les discussions directes.

L’annonce faite vendredi 20 août 2010 par le Quartette, composé des Etats-Unis, de l’Union européenne, de la Russie et des Nations unies laisse penser que le président palestinien a finalement cédé aux pressions. L’Union européenne a elle-même confirmé que les caisses de l’Autorité palestinienne, qu’elle contribue majoritairement à remplir, étaient vides. Tout laisse à penser que cet aspect financier a pesé dans la décision.

Temps limité

Pour tenter de faire oublier l’échec de ses précédentes tentatives, le Quartette a fixé un cadre précis pour ces négociations prévues pour ne durer qu’un an. Douze mois au cours desquels devront être abordées, voire réglées, des questions aussi délicates que les frontières du futur et hypothétique Etat palestinien, le sort des réfugiés et le statut de Jérusalem.

Et cela, alors que les Palestiniens restent divisés entre une Autorité palestinienne qui contrôle les enclaves palestiniennes de Cisjordanie occupée, et les islamistes du Hamas, toujours maîtres de la bande de Gaza. La réconciliation, à laquelle l’Egypte travaille depuis plusieurs mois, a échoué. En acceptant de reprendre un dialogue direct avec le Premier ministre israélien, Mahmoud Abbas devrait renforcer la fracture avec le mouvement islamiste.

Dans ce contexte, on voit mal le président palestinien obtenir en douze mois ce que lui et son prédécesseur Yasser Arafat n’ont pat pas obtenu depuis la signature, il y a dix sept ans, des accords d’Oslo. Mahmoud Abbas pourrait alors se résoudre à proclamer unilatéralement un Etat palestinien réduit aux seules zones autonomes de Cisjordanie. Avec le risque majeur de se retrouver à la tête d’un Etat certes proclamé mais privé de toute viabilité politique et économique.

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