Aux dernières heures de son séjour américain, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, s’est efforcé de faire valoir la concession en forme de moratoire de la colonisation qui lui avait été arrachée par Washington fin 2009. Un gage éculé dès mars 2009, lorsque Israël avait annoncé la construction de 1 600 logements supplémentaires en Cisjordanie, signifiant ainsi que rien n’entame sa détermination à poursuivre le mitage immobilier et démographique des Territoires palestiniens. Cette annonce aux allures de provocation avait sabordé la précédente visite à Washington du Premier ministre israélien. Cette fois, il s’agissait de redonner du lustre à une alliance stratégique à laquelle Israël et les Etats-Unis restent très attachés.
Netanyahu fait des promesses à peu de frais
Avant de prendre son vol de retour, Benjamin Netanyahu a rejeté la responsabilité du blocage des négociations sur la partie adverse, regrettant devant un aréopage d’experts américains que le moratoire sur les constructions de colonies en Cisjordanie occupée n'ait pas suffit à convaincre les Palestiniens de sa bonne volonté. Sans surprise, le Premier ministre israélien s’est targué d’avoir décidé « contrairement à tous les gouvernements précédents, de geler les constructions dans les nouvelles colonies pour une durée de dix mois afin d'encourager les Palestiniens à entamer des discussions sur la paix ». « Ils auraient dû venir il y a 12 mois, il y a sept mois. Nous ne devrions pas perdre davantage de temps », a-t-il conclu.
Interrogé sur la possibilité de parvenir à un règlement du conflit israélo-palestinien dans l’année qui vient, Benyamin Netanyahu n’a pas hésité à répondre par l’affirmative. Une promesse à peu de frais qui lui permet au passage certains effets de manche diplomatique. Il n’est pas Premier ministre pour rien, dit-il. Il va agir, avec l’appui de Barack Obama. Mais d’abord, bien sûr, il faut que Mahmoud Abbas revienne à la table des négociations qu’il a quittée pour cause d’offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza en décembre 2008-janvier 2009. Un préalable en quelque sorte sinon une condition sine qua non demandée aux Palestiniens qui attendent depuis des lustres de pouvoir enfin discuter sérieusement de frontières, de retour des réfugiés et autres sujets tabous côté israélien.
De son côté, l’administration Obama peut difficilement admettre que la bouteille diplomatique est à moitié vide. Après des mois de froid, le président américain a tout particulièrement payé de sa personne pour déverrouiller le dossier. Et celui-ci est doublement préoccupant pour Washington au regard de ses prolongements iraniens. Dans la perspective du renouvellement parlementaire de novembre prochain à l’occasion des élections américaines de mi-mandat, il est crucial de livrer une image positive de l’entrevue Obama-Netanyahu à l’électorat juif des Etats-Unis.
« Il faut saisir l’occasion telle qu’elle se présente. Nous n’en aurons sans doute pas de meilleure avant longtemps », a expliqué le président américain à la télévision israélienne en assurant de sa confiance le gouvernement Netanyahu. C’est ainsi que Barack Obama indique qu’il ne croit pas qu’Israël puisse lancer une quelconque action militaire contre l’Iran sans en aviser son allié américain. « Aucun de nous deux n’essaie de surprendre l’autre » dans ce dossier, selon le président américain qui juge toujours « inacceptable que l’Iran possède des armes nucléaires » et qui rappelle que les Etats-Unis « feront tout pour l’en empêcher ».
Obama fait l’impasse sur le nucléaire israélien
Pour sa part, alors que les activités d’enrichissement d’uranium suspectes viennent à nouveau de valoir à l’Iran un renforcement des sanctions internationales, mais aussi américaines (au plan bilatéral) et européennes, Téhéran claironne que si Washington veut renouer le fil des discussions, « la première condition, c'est que les Etats-Unis expriment leur point de vue sur les armes nucléaires du régime sioniste. Sont-ils d'accord avec cela ou non ? ». Il est vrai qu’en mai dernier, les Etats-Unis avaient soutenu une initiative égyptienne visant à obtenir l’adhésion d’Israël au Traité de non prolifération (TNP). Mais finalement l’idée semble en avoir été complètement écartée au cours du tête-à-tête israélo-américain du 6 juillet dans le bureau ovale de la Maison Blanche.
Tout en marquant une embellie dans la relation israélo palestinienne, la rencontre entre Netanyahu et Obama n’a bien évidemment rien réglé. Il faudra attendre sans doute encore des semaines pour voir si elle a au moins permis d’avancer d’un pouce sur la voie de la solution à deux Etats qui reste la seule souhaitable du point de vue de Washington. L’échéance du 26 septembre sera sans doute l’occasion d’un test. Mais d’ici là, chacune des parties peut parler d’ouverture sans faire de concession véritable. Cela a au moins le mérite d’accorder un répit au Premier ministre israélien comme au président américain, Barack Obama espérant retrouver un meilleur souffle diplomatique après la trêve estivale.
De son côté, en Israël, Benyamin Netanyahu doit en effet ménager son propre parti, le Likoud, ainsi que les autres farouches partisans de l’extension des colonies de peuplement de sa coalition gouvernementale. Et lorsqu’il se déclare « prêt à prendre des risques, pas des risques pour la sécurité d’Israël, mais des risques politiques », c’est déjà une manière de préparer une issue de secours, au cas où la reprise de négociations directes avec le Palestinien Mahmoud Abbas s’avèrerait impossible ou moins profitable que prévue.