Officiellement, c’est l’enlèvement du caporal israélien Guilad Shalit en juin 2006 qui est à l’origine du blocus terrestre et maritime imposé par l’Etat hébreu à la bande de Gaza. Dans les faits ce contrôle sur la circulation des hommes et des marchandises en provenance ou à destination du territoire palestinien s’est mis en place progressivement dès l’installation à Gaza en 1994 de l’Autorité palestinienne. C’est ainsi qu’en 1996, alors que son territoire est visé par une vague d’attentats revendiqués par le Hamas et le Jihad islamique, le gouvernement israélien, décide de limiter les permis de travail délivrés aux Palestiniens. De 116 000 en 1992, leur nombre tombe à 35 000 en 1996.
Un an plus tard, l’allègement du bouclage permet à plus de 100 000 Palestiniens d’obtenir un permis de travail en Israël. Mais dès 2000 et le déclenchement de la seconde Intifada, les autorités israéliennes rejettent la majorité des demandes et seuls quelque 8 000 Palestiniens bénéficient du précieux sésame, même si plusieurs milliers d’autres, venus principalement de Cisjordanie occupée, viennent travailler illégalement. Depuis, ce chiffre est reparti à la hausse et, en 2009, près de 55 000 permis ont été délivrés. Loin, très loin des quelques 180 000 Palestiniens qui, en 1987, avant le déclenchement de la première Intifada, travaillaient en Israël.
Marchandises sous surveillance
Les travailleurs palestiniens ne sont pas les seuls à subir les conséquences d’un bouclage devenu désormais, pour la bande de Gaza, un blocus. Les marchandises, en provenance ou à destination de Gaza sont également soumises à un contrôle israélien mis en place lui aussi dès l’arrivée de l’Autorité palestinienne. A Gaza, l’entrée et la sortie ne sont possibles qu’à travers un nombre de points de passage qui, au fil des ans, se sont réduits. En Cisjordanie occupée, le contrôle israélien prend la forme de plusieurs centaines de barrages, allant d’installations militaires en dur à de simples monticules de terre barrant un axe routier. Autant d’entraves à une libre activité économique au sein même de territoires pourtant placés sous souveraineté palestinienne.
Une arme politique
La victoire électorale du Hamas lors des élections législatives de 2006 puis sa prise de contrôle de la bande de Gaza en 2007 ne va faire qu’aggraver une situation économique déjà très difficile. Le gouvernement israélien, qui en 2005 avait démantelé les colonies juives installées dans le territoire palestinien, en contrôle toujours les accès. Il n’a donc aucune difficulté à durcir un peu plus les contrôles imposés tant aux habitants qu’aux marchandises. Les chiffres détaillant le nombre de camions autorisés à pénétrer dans le territoire désormais sous le contrôle du mouvement islamiste montrent que l’Etat hébreu, tout en prenant soin d’éviter une crise humanitaire majeure, rend impossible toute viabilité économique pour la bande de Gaza dont l’aéroport et le port, pourtant construits avec un financement international, n’ont jamais fonctionné.
Par ailleurs, la liste des produits autorisés à entrer à Gaza est validée chaque semaine par l’armée israélienne qui, sans raison apparente, va autoriser l’entrée de bananes mais refuser celle du chocolat, accepter l’importation de shampoing mais pas d’après-shampoing. On est loin de la raison officielle du blocus, qui est d’empêcher les islamistes du Hamas de pouvoir développer leurs roquettes artisanales. Motif à l’origine d’une interdiction totale d’entrée pour les matériaux de construction. Des matériaux qui seraient pourtant indispensables pour reconstruire les milliers de maisons détruites par l’armée israélienne lors de son offensive à Gaza fin 2008-début 2009.
Le bouclage imposée à la Cisjordanie occupée est moins sévère que celui de Gaza. L’OCHA (Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies) a reconnu ce mardi 15 juin que l’armée israélienne avait levé environ 20% de ses barrages, permettant une amélioration de la circulation des biens et des personnes. Mais d’importantes restrictions demeurent et même si l’économie palestinienne a enregistré une croissance de près de 8%, la situation reste précaire et surtout dépendante de la volonté politique du seul gouvernement israélien. Un gouvernement israélien qui, après le fiasco de l’opération militaire contre une flotille à destination de Gaza, pourrait décider d’alléger son blocus.