Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
L’affaire de Gaza a dominé largement les débats et les tractations pour la rédaction du communiqué final, et concrètement la conférence se termine sur une pirouette : la règle est en effet d’adopter chaque résolution à l’unanimité, mais Israël étant l'un des Etats membres, l'unanimité était impossible.
Voilà donc la solution qui a été trouvée : la déclaration finale de cette Conférence pour l’interaction et la confiance en Asie, ou Cica, omet soigneusement le sujet du raid contre l’opération humanitaire destinée à Gaza, mais le président de la conférence, qui n’est autre que le chef de l’Etat turc, Abdullah Gül, a expliqué dans son allocution de clôture que « tous les membres de ce sommet, sauf un, ont condamné le raid contre la flottille humanitaire et dénoncé les violations de la législation internationale ». Cet Etat membre qui fait exception, c'est bien sûr Israël, mais son nom n'est pas prononcé.
Le communiqué officiel, lui, souligne l’importance de la lutte contre le terrorisme et du respect des décisions des Nations unies, en des termes suffisamment généraux pour ne vexer personne.
La question du nucléaire
Le nucléaire était le deuxième sujet abordé. Mais là aussi, il y avait une déclaration « on » et une déclaration « off », à savoir une position officielle, écrite, et une autre officieuse, prononcée oralement par le président Gül. Dans la première, des considérations générales expliquent la nécessité du désarmement nucléaire et le bien fondé du nucléaire civil, allusion sans doute à l’Iran, mais dans la seconde, à nouveau, tous les membres de la Conférence, à l’exception d’un, ont appelé l’Etat d’Israël à se plier au contrôle de ses installations nucléaires par la communauté internationale.
Les limites de cette diplomatie du consensus dans une région aussi troublée que le Moyen-Orient apparaissent au grand jour. Elle se traduit par des résolutions timorées au lieu de condamnations ou de mises à l’épreuve. C’est sans doute le prix à payer pour maintenir le dialogue.