Controverse sur la fonte des glaciers de l’Himalaya

La réalité du réchauffement climatique est de moins en moins contestée, mais son ampleur et ses effets sur le terrain sont débattus. Un débat qui atteint aujourd'hui le toit du monde : une équipe d'éminents scientifiques indiens viennent ainsi de rendre une étude de grande ampleur. Celle-ci démontre que les glaciers de l'Himalaya ne seraient pas en train de fondre de manière aussi alarmante que le prédisaient les experts internationaux.

Avec notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis

C'est une des études les plus poussées menées ces dernières années sur cette chaîne de l'Himalaya, car, à la différence des précédentes qui s'appuyaient sur une petite taille d'échantillonnage, ces onze scientifiques indiens ont analysé les relevés satellites concernant plus de 2 000 glaciers sur une période de onze ans, entre 2000 et 2011.

Ils ont également fait des relevés de terrain en haute altitude, ce qui est important dans ce domaine. Leurs conclusions sont que la couverture de neige est restée stable sur 85% de ces montagnes. Et que dans l'ensemble, cette chaîne de l'Himalaya n'a perdu que 0,2% de son manteau blanc depuis onze ans. Une variation qui ne serait pas bien différente de celle observée depuis des siècles dans cette région, et considérée comme une phase de réchauffement naturel, pour la période interglaciaire actuelle.

Des conclusions moins alarmistes

Les conclusions de ces éminents chercheurs indiens viennent, en effet, contredire d'autres études plus alarmistes. Et c'est bien l'intérêt de cette recherche. En 2007, le GIEC, qui est le groupe de l'ONU sur le changement climatique, avait publié un rapport alarmant, affirmant que les glaciers de l'Himalaya pourraient disparaître d'ici à 2035. Une fonte des neiges aussi rapide pourrait se révéler catastrophique, car elle entrainerait une montée soudaine des rivières dans cette région de l'Asie du Sud, provoquer des inondations meurtrières au Bangladesh par exemple, et la montée générale du niveau de la mer. Mais ces conclusions ont été contredites à plusieurs reprises depuis lors, et le directeur du panel de l'ONU a finalement admis son erreur.

Ralentissement du réchauffement climatique 

Les chercheurs indiens ne vont pas jusqu'à remettre en cause la réalité du réchauffement climatique. Ils font eux-mêmes référence à des études précédentes qui montraient des fontes dramatiques entre les années 1960 et la fin des années 1990, dans certaines zones de l'Himalaya, situées à des altitudes moins élevées et donc plus rapidement touchées par le réchauffement. Un scénario qui semble s'être reproduit dans les hautes montagnes du Pérou.

Mais les conclusions des scientifiques indiens indiqueraient que cette tendance s'est ralentie lors de la dernière décennie. Aucune raison de se réjouir, cependant, quant au sort de notre planète bleue : une étude américaine, publiée il y a deux mois, avançait que la partie du nord du Groenland, stable depuis 25 ans, avait commencé à fondre à grande vitesse, à cause d'un réchauffement régional, provoquant une élévation constante du niveau de la mer. Et que cette tendance devrait s'aggraver d'ici à 2100.

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