La principale certitude, c'est que les trois affaires sont bien liées. La même arme, un colt 11,43 a tué et blessé dans les trois agressions. Et il semble que le même deux-roues, un scooter volé, ait été utilisé, le 11 mars, le 15 et hier encore. Noir à l'origine et apparemment maquillé de blanc pour l'attentat d'hier matin. La police judiciaire a lancé un avis de recherche pour une Yamaha T Max 530, de couleur gris foncé avec calandre et jantes noires, scooter qui avait été volé le 6 mars dans la région toulousaine.
Au-delà, les enquêteurs disposent de peu d'indices : balles, douilles, chargeurs, mais pas d'empreintes, ni digitales, ni génétiques. Il y a en revanche beaucoup d'images de vidéo-surveillance à visionner, quelque 7 800 heures pour le seul site de Montauban par exemple. Mais que ni les images de vidéo-surveillance de Montauban ou ni celles de l'école Ozar Hatorah, ne permettent pour l'instant d'identifier le tueur, casqué, visière baissée et, semble-t-il ce lundi, cagoulé.
Ces images confirment en revanche sa détermination et son sang-froid. Des attitudes qui laissent à penser qu'il s'agit d'un seul et même homme. Des témoignages le décrivent, ici trapu, et là plutôt maigre. D'autres évoquent aussi à Montauban, une possible cicatrice ou un tatouage sur le visage.
Caméra en bandoulière
Ce matin, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a révélé que selon un témoignage, l'homme portait une caméra « de type GoPro » en bandoulière, utilisée surtout par les sportifs pour immortaliser leurs exploits. « Dans mon esprit, cela serait de nature à conforter le profil psychologique de l'assassin », a affirmé le ministre.
L'idée que l'auteur des sept assassinats ait pu filmer son entreprise macabre glace le sang des familles de victimes, et inquiète les autorités qui craignent que les images finissent sur internet. Elle conforte, en tout cas, l'analyse selon laquelle le criminel se sentirait investi d'une mission et qu'il souhaiterait la médiatiser. On fait aussi remarquer que quatre jours séparent systématiquement chaque agression.
Mobilisation générale
Les autorités n'ont, en tout cas, pas lésiné sur les moyens à mobiliser pour retrouver l'assassin. Près de 200 enquêteurs seraient sur place et le parquet de Paris, en raison de ses compétences en matière de terrorisme, centralise les trois enquêtes. La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) coopère à l'enquête, en partageant notamment ses vastes fichiers et 25 policiers du Raid - l'unité d'élite de la police nationale - sont arrivés en renfort.
A Toulouse, le plan Vigipirate est passé à « écarlate », son niveau maximal. Parallèlement, la police municipale a été réarmée, de façon temporaire, afin de participer activement à la dissuasion devant les lieux sensibles (écoles, transports publics). « Devant les écoles confessionnelles, israélites et islamiques, il y a des mesures de sécurité particulières », confirme Olivier Dugrip, recteur de l'académie de Midi-Pyrénées.
La piste des militaires néo-nazis délaissée ?
Depuis les faits, plusieurs pistes retiennent l'attention des enquêteurs. Parmi elles, deux ont été privilégiées : celle du terrorisme islamiste et celle de militaires, appartenant au même régiment que ceux retrouvés morts dans la région la semaine dernière, et qui avaient été exclus de l'armée après avoir pris part à des démonstrations néo-nazies.
Dans l'après-midi, une source policière affirmait que cette piste avait été délaissée, les vérifications entreprises ce mardi n'ayant rien donné de probant. Mais le procureur de Paris, François Molins, a affirmé, en début de soirée « qu'aucune piste n'est abandonnée ».