C'est l'application à la lettre du « en même temps » du candidat Macron : se montrer inflexible, tout en étant prônant le dialogue. Voilà le message du gouvernement avant cette journée de grève et de manifestations.
La présidence affiche sa sérénité, avec trois maîtres-mots : « concertation », « détermination » et « pédagogie ». « Notre préoccupation, c'est de s'assurer que les fils du dialogue entre les syndicats et le gouvernement ne soient pas rompus, assure-t-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron. La porte de la ministre des Transports est toujours ouverte ».
L'Elysée rappelle la méthode : trouver des consensus avec les syndicats de la SNCF sur un maximum de mesures, qui seront alors traduites dans la loi. Pour le reste, « on avancera avec ambition », autrement dit Emmanuel Macron passera par ordonnances.
Fermeté affichée donc, mais plane la menace d'une coagulation des mécontentements. Un risque pris au sérieux par le couple exécutif dont la courbe de popularité fléchit dans les sondages. Le Premier ministre a lâché un peu du lest ce mardi sur la hausse de la CSG. Le gouvernement ne veut pas voir les retraités venir grossir les rangs des cheminots et des fonctionnaires.
■ Les cheminots peuvent-ils avoir gain de cause?
Deux grandes mobilisations ont permis aux cheminots de la SNCF d’avoir gain de cause. Fin 1986 début 1987, après un mois de grève, les cheminots obtiennent le retrait de la nouvelle grille de salaires au mérite.
Autre mobilisation plus marquante : la grève qui a paralysé le trafic ferroviaire à la SNCF, mais aussi les transports entre novembre et décembre 1995. Alain Juppé, alors Premier ministre, veut réformer notamment le régime spécial des retraites dont bénéficient les cheminots. Après un mois de mobilisation, le gouvernement recule.
Mais les grévistes ont également connu des échecs. Après 15 jours de grève, les cheminots ne parviennent pas à repousser dans sa totalité la réforme des régimes spéciaux de retraites. Les syndicats sont contraints d'accepter le principe des 40 ans de cotisations.
Autre échec : celui d’avril 2010. 15 jours de grève à l’appel de la CGT et de SUD Rail. La mobilisation porte sur les recrutements, la réorganisation par branches et l'avenir du fret. Les syndicats n'obtiennent que quelques concessions sur les embauches, mais les réformes passent.