A partir de ce 1er mars certains paquets coûteront 8 euros. Cela commence à peser lourd dans le portefeuille. C'est justement la volonté affichée par le ministère de la Santé : obtenir une prise de conscience chez les fumeurs en raison d'un budget non négligeable. « Ce sont plusieurs milliers d'euros par an qui sont mis dans les cigarettes », dit la ministre, Agnès Buzyn. Et il ne faut surtout pas oublier que le tabac, à l'origine de certains cancers et de maladies cardiovasculaires, provoque quelque 75 000 décès par an en France.
Le coût sociétal du tabac dépasse les 26 milliards d’euros
Ce sont des vies brisées, mais c'est aussi un coût pour la Sécurité sociale. Dans sa Stratégie nationale de santé adoptée fin 2017, l'Etat estime à plus de 26 milliards d'euros les coûts sociaux liés au tabac. La hausse des prix qui entre en vigueur ce 1er mars devrait rapporter à l'Etat 500 millions de recettes fiscales en plus.
Du côté des professionnels de santé, on se félicite de cette nouvelle mesure anti-tabac. Une augmentation du prix des cigarettes ne peut que faire diminuer les ventes, disent-ils. Selon une estimation de British Americain Tobacco, quatrième acteur sur le marché français des cigarettes, les ventes devraient diminuer de 10 à 15%, cette année, par rapport à 2017.
Que font les marques pour faire digérer cette augmentation à leurs clients?
En France, ce sont les industriels du tabac qui fixent les prix de vente. L'Etat incite à la hausse par le biais des différentes taxes. Elles représentent plus de 80% du prix payé par le consommateur. Ces taxes rapportent à l'Etat quelque 14 milliards d'euros par an. Le cigarettier Philip Morris a annoncé début février qu'il allait rogner sur ses marges, afin d'absorber lui-même une partie de la hausse des taxes. Soit une hausse de 70 centimes, contre un euro en moyenne.
Pourtant, selon les statistiques, la consommation du tabac ne baisse pas au même rythme que les prix augmentent. Pourquoi ? En raison, notamment, du marché noir. La France en est devenue championne, en 2015. Dans aucun autre pays en Europe on ne fume autant de cigarettes volées ou contrefaites que dans l'Hexagone. Plus d'une cigarette fumée sur cinq ne provient pas des circuits légaux. C'est un manque à gagner pour les buralistes, mais ce sont aussi quelque 3 milliards d'euros d'impôts qui ne rentrent pas dans les caisses de l'Etat.