De notre correspondante à Budapest
Au début de l’année, c’est la chanteuse de world music Kinga Kramli, qui a raconté son histoire sur les réseaux sociaux. A 34 ans, Kinga souffre d’endométriose, une maladie de l’utérus très douloureuse. C’est opérable, mais voilà, Kinga ne pourra pas être opérée avant janvier 2022. « Je ne tiendrai pas quatre ans de plus », a-t-elle indiqué.
Ensuite, c’est un chanteur de variété très populaire, Tibor Kasza, qui a posté un message vidéo, visionné par 200 000 internautes où il raconte que sa mère, atteinte d’une thrombose, a passé 7 heures aux urgences avant que l’on s’occupe d’elle.
Il y a des cas encore plus graves. La fille d’une écrivaine a relaté sur les réseaux l’histoire de sa mère, Zsuzsa Vathy, qui n’était pas gravement malade. Mais après avoir été vaccinée contre la grippe, elle a fait une allergie au vaccin. Sur les conseils d’un médecin de quartier, elle est allée aux urgences. Elle a attendu 6 heures et personne ne l’a prise en charge. La famille l’a transporté dans un autre hôpital. Mais c’était trop tard, et elle est morte. La famille a porté plainte, mais la police vient de clore l’enquête en expliquant que personne n’est responsable.
Sur les réseaux sociaux, on lit de plus en plus d’histoires dramatiques. Aujourd’hui en Hongrie, on meurt à l’hôpital, faute de soins.
Comment en est-on arrivé là ? Depuis la chute du communisme, aucun gouvernement n’a eu le courage de s’attaquer à la réforme du système de santé publique. Il faut dire que le chantier est énorme. Manque de matériel, équipement vétuste. Les médecins et les infirmières sont tellement mal payées qu’ils quittent le pays. En Hongrie, une infirmière gagne 400 euros nets par mois, quatre fois moins qu’en Autriche. Aujourd’hui des équipes entières d’infirmières partent ensemble travailler en Allemagne.
Thème de campagne
Les législatives ont lieu dans cinq semaines en Hongrie, le 8 avril. Le thème de la santé publique est présent dans la campagne. L’opposition en parle, mais le gouvernement évite la question. Il y parvient parce que le Premier ministre et les candidats de son parti refusent de débattre avec l’opposition.
Pendant cette campagne, il n’y a aucun débat public. Cela dit, le gouvernement s’inquiète que cette question lui fasse perdre des électeurs. Selon le site internet Népszava, il aurait demandé à chaque directeur d’hôpital d’annoncer deux bonnes nouvelles par semaine.
La socialiste Ildiko Lendvai, membre de l’opposition, a réagi avec humour. Elle a déclaré qu’elle voulait aider les hôpitaux. Comme elle n’y connait rien en médecine, elle s’est portée volontaire pour écrire des bonnes nouvelles, qu’elle a publiées sur un blog. On y lit par exemple : « Bonne nouvelle : cette semaine, aucun médecin n’est parti à l’étranger. » Ou encore : « L’hôpital St Jean a fusionné avec un autre hôpital, pour mutualiser la production des bonnes nouvelles. »