Au palais de justice de Paris,
Lors des perquisitions au domicile d’Abdelkader Merah, les enquêteurs ont exhumé la correspondance qu’il entretenait avec son frère lorsque celui-ci était détenu. En 2008, dans une lettre, Mohamed Merah évoque sa conversion à l’islam et dit à son frère : « Je sais précisément ce que je vais faire en sortant ».
Les policiers ont également trouvé la trace de sept courriers électroniques envoyés par Mohamed Merah en 2011 depuis le Pakistan. Des courriers restés sans réponse. La défense d’Abdelkader Merah se jette alors dans la brèche. Son avocat, Eric Dupond-Moretti, interroge le policier qui témoigne anonymement par visioconférence : « Je souhaiterais savoir comment vous faites votre cuisine, lâche-t-il. Ces courriers ne sont même pas dans la prévention ». « Ça démontre quoi ? martèle-t-il. Qu’il y a du militantisme dans tout ça. Il faut que les deux frères ne fassent qu’un puisque l’un est mort. »
Les enquêteurs semblent gênés. Ils le savent, un faisceau de présomption ne fait pas une preuve, et la défense se fait même un plaisir de leur rappeler : « Tout ce qui n’est pas établi n’existe pas », lâche Eric Dupond-Moretti.
Pourtant, pour Me Jean Tamalet, avocat d'une partie civile, « les frères Merah c’est un tandem ». « On voudrait quoi ? Qu’il y ait des preuves au sens commun du terme, c’est-à-dire des vidéos, des centaines de témoignages de personnes disant qu’ils les ont vus ensemble préparer des actes ?, interroge-t-il. Mais ça, ça n’existe pas en justice. Mohamed Merah, avec l’aide de ses complices, qui l’ont endoctriné, qui l’ont armé, qui l’ont formé, est devenu le tueur sanguinaire que l’on sait. Mais pas par hasard, pas sans l’aide de personne. »