Avec notre envoyé spécial à la cour d'assises spéciale de Paris, Franck Alexandre
Il parle avec un accent toulousain très prononcé. La Ville rose, Abdelkader Merah y est né il y a 35 ans, à la cité des Izards. Ses jeunes années sont plutôt heureuses, se souvient-il. Troisième d’une fratrie de cinq enfants, il ne manque de rien. Son père Mohamed, aujourd’hui retraité en Algérie, est ouvrier. Sa mère Zoulikha, également de nationalité algérienne, est femme au foyer. Abdelkader Merah le confesse, il y avait cependant peu d’échanges avec ses parents : « C’est la culture algérienne et on ne peut pas la comparer au mode de vie occidental. »
Sa vie bascule quand ses parents divorcent, il y a dix ans. Les rapports de l’assistance publique note alors qu’Abdelkader Merah n’a aucune limite. Il est violent, il consomme massivement de l’alcool et du cannabis. Dans son quartier, on le surnomme « Jack » pour son goût immodéré du whisky.
Le virage islamiste
Mais, après les attentats de New York en 2001, il devient « Ben-Ben ». « Tous les musulmans étaient euphoriques. Je criais "Vive Ben Laden". Ça m’a collé à la peau. »
En 2006, il se marie, religieusement, par téléphone. « Au regard du créateur, c’est suffisant », dit-il à la cour. Avant les meurtres commis par son frère, il s’était installé dans un petit village de la région toulousaine car la ville à ses yeux est pleine de turpitudes et de péchés.