Il y a un an, le procureur de la République de Lyon avait estimé qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes pour ouvrir un procès. Les plaignants ont donc choisi la citation directe, autrement dit la convocation du cardinal Barbarin.
A l'origine de la plainte, l'association La Parole libérée reproche à l'évêque de Lyon d'avoir omis de dénoncer le père Preynat, mis en examen en janvier 2016 pour agressions sexuelles contre des jeunes scouts entre 1986 et 1991. Le cardinal Barbarin est également accusé d'avoir fait entrer le loup dans la bergerie, en maintenant le prêtre dans ses fonctions.
Six autres personnes sont visées par cette procédure de citation directe. Parmi elles, deux laïcs, trois évêques et le secrétaire de la Congrégation de la doctrine de la foi au Vatican. Pour les victimes, toutes auraient eu vent des agissements du père Peyrat à des dates différentes.
« Au-delà de notre affaire personnelle, l'idée de notre investissement était d'agir afin qu'un tel silence qui a duré plusieurs décennies ne puisse jamais se reproduire », explique François Devaux, président de l'association La Parole libérée qui dénonce « une irresponsabilité, une inconscience absolue ».
L’Eglise dénonce un « acharnement ». Elle se serait bien passée de cette nouvelle tribune médiatique offerte aux victimes. L'éclatement de l'affaire avait déclenchée un scandale sur l'attitude de l'institution et l'avait conduite à adopter de nouvelles mesures de lutte contre la pédophilie.
Une affaire suivie avec attention au Vatican
Toute démission du cardinal Barbarin « serait un contresens, une imprudence », affirmait au mois de mai dernier le pape François dans un entretien au quotidien La Croix. Le souverain pontife a toujours jusqu'ici maintenu sa confiance dans le Primat des Gaules, soulignant qu'il faut attendre la suite de la procédure devant la justice civile, rappelle notre correspondant au Vatican, Olivier Bonnel.
Pour l'heure, on ne fait aucun commentaire au Vatican après l'annonce du procès visant le cardinal Barbarin au mois d'avril prochain, mais cette affaire est néanmoins suivie de très près à Rome. D'autant qu'est également cité à comparaître Mgr Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l'un des personnages le splus importants de la Curie. C'est qui lui qui, après consultation du cardinal Barbarin, avait conseillé à l'archevêque de Lyon de prendre des mesures disciplinaires adéquates tout en évitant le scandale public.
Le pape, lui, reste toujours sur la même ligne de tolérance zéro en matière d'abus sexuels dans l'Eglise. Ce mercredi, François recevra les membres de la commission pontificale de protection des mineurs qui sont de nouveau réunis à Rome pour leur nouvelle assemblée.