Déposé par un mouvement anti-IVG, le site simoneveil.com a été supprimé

Connu pour ses campagnes contre le planning familial, le mouvement « Les Survivants » avait, dès 2016, acheté le nom de domaine simoneveil.com. Lors de l’hommage à l’ancienne ministre de la Santé le 5 juillet aux Invalides, à Paris, ce groupe «pro-vie» en a profité pour faire de la propagande contre l’avortement. Contacté par la famille de Simone Veil, l’hébergeur français OVH a supprimé le site dès le lendemain.

« Les Survivants », groupe anti-avortement très médiatique mené par Emile Duport, n’est pas content : « OVH suspendu notre site simoneveil.com sans même nous avertir, à qui le suivant ? » a publié le mouvement sur son compte Twitter le 6 juillet, accompagné d’une image montrant que le site n’est plus accessible.

Faux, rétorque OVH, l’hébergeur français de sites Internet : « Il s’agit là d’une procédure tout à fait normale et le client a été averti de la suppression du site Internet par nos services. » Selon le site Numerama, les membres de la famille de Simone Veil ont contacté la société OVH pour qu’elle suspende le site et que l’image de l’ancienne ministre de la Santé à l'origine de la loi de dépénalisation de l’avortement, décédée le 30 juin dernier, ne soit pas instrumentalisée par des anti-IVG.

Ce mouvement pro-vie avait déposé ce nom de domaine depuis septembre 2016 « pour préempter toutes les requêtes Google », affirme Emile Duport à L’Obs. Mais on n’y trouvait uniquement une courte biographie de Simone Veil, ainsi que son célèbre discours à l’Assemblée nationale en 1974, rapporte L’Obs. Mais le 5 juillet, alors qu’Emmanuel Macron présidait la cérémonie d’hommage national en son honneur, « Les Survivants » agrémentent le site d’un portrait dans le style de Shepard Fairey, à l’origine des affiches de campagne de Barack Obama, un webdocumentaire consacré à Simone Veil ainsi que divers textes de propagande. Il propose notamment de découvrir la vérité sur « une femme trahie dans ses intentions puisque sa loi n’existe plus tant elle a été modifiée et parce que la législation de l’avortement n’a pas amélioré la santé des femmes, bien au contraire ».

Si le groupe anti-avortement précise que simoneveil.com n’est pas un site pro-vie, mais un « travail de pédagogie », Emile Duport l’a reconnu dans L’Express : « C’est un immense troll. » S’appuyant sur une enquête réalisée par sa rédaction, Buzzfeed affirme qu’Emile Duport n’en est pas à son premier coup de communication de ce type sur Internet.

Est-ce légal ? Non, assure à 20 Minutes Isabelle Landreau, avocate au barreau de Paris et spécialiste des nouvelles technologies : « Ça s’appelle un dépôt frauduleux par un tiers. On ne peut pas déposer un nom de domaine qui soit un nom patronymique, que la personne soit vivante ou décédée. »

Si le site n’est finalement resté actif que moins de deux jours, il a beaucoup fait réagir sur Twitter. Jusqu’à faire réagir des associations comme Osez le féminisme, qui s’est fendu d’un communiqué condamnant l’acte et a demandé « aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités ». Le collectif #CeciNestPasUnCintre a même lancé une pétition sur le site change.org pour demander la suppression du site.

Sur Twitter toujours, un utilisateur qui « travaille dans la communication au sein d’une institution publique » a trouvé la riposte parfaite, quelques heures après avoir découvert le site anti-IVG : il a acheté les noms de domaines emile-duport.com et emile-duport.fr.

 

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