Avec notre envoyé spécial à Metz, Franck Alexandre
Patrick Dils, 46 ans, a passé 15 ans derrière les barreaux, vécu trois procès d’assises et de nouveau ce mercredi après-midi il est passé sur le grill. Il raconte tout d’abord sa descente aux enfers. L’adolescent introverti et solitaire qu’il était, et qui en garde à vue a facilement endossé le costume du coupable dans l’espoir, dit-il, de rentrer plus vite chez lui. Sa détention ensuite, quand on est incarcéré pour meurtre d’enfant, c’est l’enfer tous les jours : le racket, le tabassage, les viols à répétition. Mais ce récit n’émeut pas vraiment les parties civiles et encore moins la défense.
Des deux côtés de la barre, les avocats sont bien décidés à les trier. Pourquoi ces aveux circonstanciés, demande le banc des parties civiles ? Je comprends que ce soit troublant, répond Dils, mais il faut rappeler l’âge que j’avais, trente heures d’interrogatoire, la pression. N’importe lequel d’entre vous aurait pu ressortir avec le costume du parfait coupable.
Et le feu roulant des questions se poursuit sans relâche sur sa présence sur les lieux, ses multiples déclarations vieilles de trente ans. Alors, il craque : « On est en train de refaire mon procès à nouveau, s’énerve-t-il, je vais consulter mon avocat, car là ça devient de la folie. » L’espace d’un après-midi, Patrick Dils est, en effet, redevenu l’accusé.
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