Procès de Francis Heaulme: Patrick Dils ne croisera pas «le routard du crime»

C'est l'une des énigmes judiciaires du XXe siècle : le meurtre de deux enfants à Montigny-lès-Metz en 1986. Le tueur en série Francis Heaulme comparaît devant les assises, c'est le cinquième procès autour de cette affaire. Patrick Dils a été condamné deux fois pour ces faits avant d'être acquitté. La victime de cette erreur judiciaire doit témoigner ce mercredi 25 avril à l'audience.

Avec notre envoyé spécial à Metz, Franck Alexandre

Patrick Dils ne remettra pas les pieds dans ce palais de justice. Là où il avait été condamné en 1989 pour le meurtre des deux enfants, à cette époque il n’avait que 16 ans, revenir en ces lieux lui était insupportable. C’est donc par le biais de la vidéo qu’il livrera son témoignage.

Le 28 septembre 1986, les corps de deux enfants de 8 ans sont découverts, le crâne fracassé. Patrick Dils qui habite à proximité est arrêté. Il faut des aveux circonstanciés, puis se rétracte. En 1998, sa défense apprend que Francis Heaulme reconnaît avoir été sur place au moment des faits. La révision obtenue, Patrick Dils est rejugé, mais à nouveau condamné. Il fait appel. Un rapport d’enquêteur déclare que le crime porte la quasi signature de Francis Heaulme. En 2002, au terme d’un troisième procès, Patrick Dils est finalement acquitté et libéré. Il aura passé 15 ans années derrière les barreaux.

Ce mercredi 26 avril à l’audience, il ne croisera pas le regard perçant de Françis Heaulme, « le routard du crime » qui, depuis le box des accusés, martèle toujours que s’il a tué, le double meurtre de Montigny, ce n’est pas lui.

Instiller le doute sur l'innocence de Patrick Dils

Cette audition, la défense de Francis Heaulme l’a souhaitée ardemment car elle poursuit un objectif : instiller le doute sur l’innocence de Patrick Dils, condamné deux fois dans ce dossier avant d’être acquitté. « Patrick Dils a été accusé en faisant planer le doute sur sa culpabilité en disant que Francis Heaulme était là. Francis Heaulme, on veut le condamner. Pourquoi lui ne bénéficierait pas du même doute parce que Patrick Dils était là, explique Stéphane Giuranna, l'avocat de Francis Heaulme. Tout simplement parce qu’il était présent le jour des faits. Cela est une certitude, il l’a dit, il l’a redit. Cela a été confirmé. Donc c’est un témoin ».

Un témoignage qui se fera par le biais de la vidéo, regrettent les parties civiles, qui elles aussi entendent interroger celui qui a été jugé trois fois pour ce double meurtre.  : « Il y a quand même des points non résolus, des questions qui se posent toujours pour les familles des victimes, affirme Dominique Rondu, l'avocat de la grand-mère d’un des enfants assassinés, Alexandre Beckrich. Tous ces aveux réitérés devant un juge d’instruction, une reconstitution à laquelle il a participé. Tous ces éléments-là, même si aujourd’hui il n’y a pas lieu de revenir dessus, restent néanmoins des énigmes et des questions que se posent les parties civiles ».

En demandant l’audition de Patrick Dils, la défense joue la carte du soupçon, un jeu dangereux dans ce dossier qui reste une énigme judiciaire.

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