La campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle se terminait à minuit, dans la nuit de vendredi à samedi. A partir de là, le Conseil constitutionnel interdisait les médias - et « déconseillait » les citoyens - d’influencer les votes, se référant à l'article L52-2 du Code électoral qui interdit la communication de résultat d'élection « partiel ou définitif » avant la fin du scrutin. Les sondages également, était prohibés. Directeur général à l’institut Kantar, Emmanuel Rivière s’est fendu d’un billet sur le réseau professionnel LinkedIn pour affirmer qu’il serait « impossible d'accorder un quelconque crédit à ces chiffres qui circuleront avant 20h ». Et d’ajouter : « Sachez juste que s'ils sont attribués à Kantar Sofres, ils seront faux. »
En France. Pourtant, le quotidien belge La Libre Belgique et le quotidien suisse La Tribune de Genève ont chacun publié une estimation samedi soir. « Réalisé à la demande de l’équipe d’un(e) candidat(e) par un institut de sondage réputé après l'attaque sur les Champs-Elysées », le premier « sondage » plaçait Marine Le Pen en tête avec 26% des voix, suivi de François Fillon (22%) et d’Emmanuel Macron (21%) - assez éloigné, donc, du résultat final. Le second, dont La Tribune de Genève n’a pas voulu dévoiler l’identité de l’institut, pronostiquait le bon trio de tête : Emmanuel Macron à 24%, Marine Le Pen à 23% et François Fillon à 20,5%.
Ces estimations publiées pendant la « période de réserve » en France, ont fait réagir la Commission nationale des sondages. Dimanche, cette autorité administrative indépendante a appelé « l'attention des électeurs français sur le fait qu'en l'état toute information relative à ce prétendu sondage doit être considérée comme une rumeur dépourvue de tout fondement ». Elle affirmait avoir « obtenu des huit principaux instituts de sondages français (Bva, Elabe, Harris interactive, Kantar-Sofres, Ifop, Ipsos, Odoxa, Opinionway, ) l'assurance qu'ils n'étaient pas les auteurs d'études ayant conduit à établir les données chiffrées publiées ». Cela n’a pas empêché plus de 37 000 utilisateurs de la plateforme de microblogging de tweeter plus de 88 000 fois sous la bannière #RadioLondres de 8h à 20h dimanche.