Présidentielle française: «le scénario parfait» pour les marchés financiers

L'euro a bondi après les résultats du premier tour de l'élection présidentielle française. Les marchés financiers affichent un soulagement, prudent toutefois, ce 24 avril, notamment en Asie, et parient sur une victoire du pro-européen et ancien banquier Emmanuel Macron.

Arrivé en tête, l'ancien ministre de l'Economie devance légèrement, avec 23,86% des voix, la candidate FN Marine Le Pen (21,43%), selon les derniers résultats du ministère de l'Intérieur.

« C'est le scénario parfait dont le marché rêvait désespérément », a commenté pour l'agence Bloomberg News Sebastien Galy, analyste chez Deutsche Bank AG à New York, après le vote du Brexit en juin dernier au Royaume-Uni et l'accession du protectionniste Donald Trump à la Maison Blanche outre-Atlantique.

Aussitôt les premières estimations connues, alors que Sydney se réveillait, l'euro a bondi de 2% par rapport au vendredi 21 avril, jusqu'à 1,0937 dollar, son plus haut niveau depuis novembre 2016, après la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis. Il retombait plus tard autour de 1,0840 dollar.

« La réaction initiale des marchés a été plus forte que prévu, signe qu'ils étaient sur leurs gardes, a réagi Yuji Saito, analyste des changes au Crédit Agricole, basé à Tokyo. Il y avait de quoi être prudent. C'était une course serrée entre quatre candidats à l'issue difficile à prédire. »

Plusieurs Bourses ont ouvert en hausse lundi matin. A commencer par celle de Paris, galvanisée (+3,95%) par les résultats. C'est une valeure inédite d'ailleurs depuis la crise de 2008. Ce sont les valeurs bancaires qui profitaient le plus de l'enthousiasme ambiant. BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole s'adjugeiant près de 8% dans les premiers échanges parisiens. La Britannique Barclays, l'Italienne Unicredit ou encore l'Allemande Deutsche Bank connaissaient aussi de fortes progressions. Autre exemple: la Bourse de Madrid a pris plus de 3% à l'ouverture lundi, tirée par les valeurs bancaires elle aussi. A Hong Kong, place forte du marché asiatique, l'embellie est moins notable : l'indice Hang Seng a gagné 0,41%.

Fin du spectre Mélenchon-Le Pen

Pour les investisseurs, le jeu semble déjà fait. « Ils considèrent pour acquis le fait qu'Emmanuel Macron, 39 ans, deviendra le prochain président de la République dans deux semaines », a affirmé dans une note Ray Attrill, de la National Australia Bank.

Selon deux sondages publiés le 23 avril au soir, le candidat d'En Marche! s'imposerait avec 62% ou 64% des voix le 7 mai. L'écrasante majorité de la classe politique française a appelé à faire barrage à l'extrême droite, qualifiée pour la deuxième fois dans l'histoire du parti Front national, créé en 1972.

Pour le monde économique s'éloigne donc le spectre d'une victoire de l'héritière Marine Le Pen, 48 ans, qui veut en finir avec l'euro et la libre circulation dans l'espace européen de Schengen. Cela risquerait de provoquer un « désordre majeur » et une « dislocation » de l'Union européenne, avait averti la semaine dernière la directrice générale du FMI, Christine Lagarde.

Les marchés craignaient aussi une accession au second tour du candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, devenu héraut de la gauche radicale, très critique sur l'UE et la mondialisation.

(Avec agences)

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