Lors des deux procès, Claude Guéant a plaidé la coutume. La tradition à l'origine des primes en liquide au ministère de l'Intérieur: ces enveloppes prélevées chaque mois dans la caisse des frais d'enquête et destinées à arrondir les rémunérations des membres du cabinet, jugées trop étriquées. Une pratique ancestrale, avait-il expliqué.
Pourtant, le « Cardinal » ou le « président bis », comme on l'a surnommé plus tard à l'Elysée, s'est très vite retrouvé dans l'impasse. Car ces pratiques ont été bannies au début des années 2000 par la loi sur la transparence de la vie publique. L'ancien directeur de la police nationale ne pouvait l'ignorer.
Or de 2002 à 2004, Claude Guéant, chaque mois, a empoché sans jamais les déclarer plusieurs milliers d'euros. Alors le parquet national financier a tiré à boulets rouges sur le prévenu. Quand on sert l'Etat, l'argent est secondaire, sauf si l'état d'esprit n'est pas de servir mais de se servir, a sèchement déclaré la procureure Ulrika Weiss lors de ses réquisitions.
Outre 100 000 euros d'amende et trente mois de prison avec sursis, Claude Guéant encourt aussi cinq ans d'interdiction des droits civils et civiques.