France: les discriminations au travail restent très fortes

Les discriminations au travail restent très fortes en France. C'est ce qui ressort d'un rapport rédigé par un groupe d'experts, rendu jeudi 17 novembre à la ministre du Travail. Myriam El Khomri juge même la situation « accablante » en ce qui concerne la discrimination à l'embauche qui reste une réalité pour les personnes d'origine supposée maghrébine.

Un test a été réalisé dans 43 entreprises de plus de 1 000 salariés. Le principe est simple : envoyer des « faux CV » avec des noms à consonance maghrébine et voir si ces gens étaient convoqués pour des entretiens. Le bilan est donc peu glorieux. Preuve que la première série de mesures instaurées il y a un an et demi par ce groupe de travail composé d'associations, des syndicats et jusqu'à septembre dernier, des organisations patronales qui ont fini par claquer la porte, n'est pas suffisante. Si les campagnes de sensibilisation ont donné de bons résultats, en revanche, tout ce qui visait à favoriser le dialogue social en entreprise n'a guère avancé.

De nouvelles mesures

Ce rapport dresse une liste de 13 nouvelles solutions  : une formation obligatoire à la non-discrimination dans les entreprises de plus de 300 salariés, une campagne de communication annuelle, des autotestings sur les discriminations organisés par les branches ou les entreprises elles-mêmes, un guide des bonnes pratiques en entreprise pour assurer l'égalité de traitement des candidats à l'embauche...

Le gouvernement a déjà repris à son compte certaines de ces mesures qui figurent dans le projet de loi Egalité et Citoyenneté, actuellement étudié au Parlement.

Par ailleurs, Myriam El Khomri a tapé du poing sur la table : soit les entreprises mises en cause dans le rapport font des efforts, soit la ministre publiera les noms des mauvais élèves. Myriam El Khomri sera attentive à l'avenir : pas question que ce ne soit que des mesures cosmétiques.

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L’opposition des organisations patronales

Les organisations patronales rejettent d'ores et déjà les propositions formulées par le rapport. Elles sont « dogmatiques » et « éloignées des réalités » des entreprises, écrivent ainsi les organisations patronales dans un communiqué commun publié hier. Quant au rapport en général, il est « totalement à charge contre les entreprises », juge Thibaut Lanxade, vice-président du Medef chargé des PME.

La déception des syndicats

A l'inverse, les syndicats estiment que le gouvernement ne va pas assez loin. Ils réclamaient notamment des mesures permettant d’assurer la traçabilité et la transparence des procédures de recrutement et n'ont rien obtenu sur ce sujet. De plus, les indicateurs d'évolution des carrières et des rémunérations, autre revendication, ne seront qu'expérimentés à partir de l'an prochain.

Bref, du côté des syndicats, après deux ans de travail, des dizaines de réunion, déjà deux rapports publiés, le sentiment qui domine peut se résumer par une phrase : « tout ça pour ça ! » D'autant que la présidentielle approche et que la lutte contre les discriminations en entreprise ne sera pas forcément l'une des priorités du prochain président. Pour les rassurer, le gouvernement propose de pérenniser ce groupe de travail en le plaçant sous la responsabilité conjointe des ministères du Travail et de la Ville.

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