France: la difficile valorisation des travailleurs handicapés dans l’entreprise

La 20e édition de la semaine de l'emploi des personnes handicapées a débuté ce lundi 14 novembre. Pour les associations, c’est l’occasion de faire le point sur la situation des personnes handicapées au travail et de dresser le bilan de ces cinq dernières années.

Le quinquennat de François Hollande restera marqué par une forte hausse du taux de chômage des handicapés. Ces cinq dernières années, le nombre de personnes handicapées sans emploi a progressé de 65 %. Les Français en situation de handicap subissent un taux de chômage deux fois supérieur à la moyenne nationale : 18 % contre 10 % pour les personnes valides. La durée moyenne d'inscription à Pôle emploi d'un demandeur handicapé est quant à elle de 800 jours, soit 200 jours de plus que pour l'ensemble des inscrits.

Il est cependant difficile de savoir exactement combien la France compte de travailleurs handicapés. Seules les personnes ayant fait la démarche et obtenu une reconnaissance administrative de leur handicap sont prises en compte dans les chiffres généralement communiqués. En 2013, cela représentait ainsi 2,5 millions de personnes. En réalité, le nombre de travailleurs handicapés serait plus proche des 5,5 millions de personnes. La démarche de reconnaissance – même administrative – n'est pas toujours évidente à faire, et surtout elle n'est pas sans risques.

Les dernières lois imposent sous peine d'amende aux entreprises de plus de 20 salariés d'employer au moins 6 % de salariés handicapés. Mais nombreuses sont celles qui préfèrent payer une taxe à l’Agefiph (l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées) plutôt que d’employer des handicapés. En deçà de 20 salariés, pour les petites PME ou les Toutes petites entreprises (TPE), qui sont au cœur du tissu économique en France, il n'y a pas d'obligation et donc pas d'avantage éventuel pour l'entreprise.

De bonnes intentions, peu d’ambition

Le dernier dispositif d’emploi accompagné prévu par la loi Travail pourrait faire évoluer les choses. Ce cadre législatif devrait permettre aux actions d'accompagnement des handicapés vers l'emploi dans l'entreprise de s'inscrire dans la durée. Selon l'Association des paralysés de France, 5 millions d'euros ont été budgétés pour l'amorçage de ce dispositif. Cela représente de quoi financer l'accompagnement dans l'emploi de 500 personnes, selon l'APF. Une goutte d'eau au regard du nombre de personnes concernées.

D'autant que les fonds initialement prévus pour l'insertion professionnelle des handicapés sont fréquemment réorientés pour financer d'autres postes que ceux auxquels ils sont destinés. Les universités ont ainsi été autorisées à ne pas verser la totalité de leurs contributions pour assurer la sécurité des établissements face aux menaces terroristes. Les fonds destinés à faciliter l'insertion des handicapés dans le monde du travail ont ainsi été ponctionnés de 174 millions d'euros ces trois dernières pour financer, entre autres, les emplois aidés.

Femme handicapée, la double peine

Dans un rapport publié ce lundi, le défenseur des droits Jacques Toubon dénonce les discriminations plus importantes que subissent les femmes handicapées dans le monde du travail. Elles sont victimes d’une « double peine » : celle d’être femme et celle d’être handicapée.

Globalement, explique l’ancien ministre, peu de femmes handicapées représentent des « modèles de réussite » reconnus. « Elles semblent totalement absentes de nombreuses sphères de la société sans que cela constitue un enjeu ». Outre ce constat, le défenseur des droits recommande que le genre soit systématiquement pris en compte dans l'élaboration des statistiques et que l'on n’oublie plus de parler des femmes handicapées qui réussissent.

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