Huit ans de procédure, deux procès et une condamnation définitive à trois ans de prison ferme, pour Jérôme Kerviel, la première éclaircie judiciaire est venue de la Cour de cassation. Il y a deux ans la haute juridiction a certes confirmé le volet pénal, mais elle a cassé le volet civil, c'est-à-dire les dommages et intérêts octroyés à la banque. Pour la Cour de cassation, la Société Générale ne peut prétendre à un dédommagement intégral de ses pertes, car elle a failli dans ses mécanismes de contrôle.
Au printemps dernier, lors de l'audience devant la cour d'appel de Versailles, le parquet a eu la même analyse et a même enfoncé le clou : la banque a commis des fautes distinctes et de nature différente des fautes pénales de Jérôme Kerviel, des fautes suffisantes pour entraîner la perte totale de son droit à réclamer une compensation intégrale de ses pertes. Par conséquent pour le ministère public, l'ex-trader ne doit pas un sou à la Société générale.
La cour suivra-t-elle ces réquisitions ? Ce serait une immense victoire pour Jérôme Kerviel qui serait alors libéré d'une peine impossible à purger et qui s'apparente à la perpétuité : devoir rembourser des milliards d'euros.