Dans les rangs de la Société Générale, c'est la stupeur, l'incompréhension. Bien sûr, la banque ne pouvait espérer le remboursement des pertes subies, soit la somme astronomique de 4,9 milliards d'euros. Mais cette absolution totale, requise par le parquet, passe mal : « nous avons toujours reconnu les faiblesses de nos systèmes de contrôles », a réagi l'établissement financier, ajoutant : « ce sont les les agissements frauduleux de Jérôme Kerviel qui les ont mis en échec. »
Dans sa plaidoirie, Jean Veil, l'avocat de la banque, n'a cessé de marteler que Kerviel, « l'escroc », « le délinquant » avait également trahi la confiance de son employeur, mais aussi de ses collègues.
Mais Jean-Marie d'Huy, le procureur, a une lecture différente du dossier : « la Société Générale, dit-il, n'a pris aucune mesure pour se prémunir, comme le lui impose la réglementation, du risque du trader voyou. »En conséquence, et sans dédouaner l'ex-trader de ses fautes, l'accusation soutient que la banque ne peut réclamer la compensation intégrale de ses pertes.
Alors la cour d'appel va-t-elle suivre ces réquisitions, et envoyer un message fort aux banques, comme l'exhorte le procureur ? La défense de Kerviel de son côté jubile, et elle espère déjà obtenir la révision du volet pénal, pour cette fois, faire le procès de la Société Générale.
L'Etat prêt à réclamer le remboursement de 2,2 milliards d'euros à la banque
Si la cour d'appel devait suivre l'avocat général, il ne s'agirait pas seulement d'une retentissante défaite symbolique pour la Société Générale, l'enjeu est également fiscal. En effet, la banque avait obtenu de l'Etat français près de 2,2 milliards d'euros au titre d'un régime fiscal accordé aux entreprises déficitaires et victimes de fraude. Ce bonus fiscal pourrait être remis en cause si la justice épinglait des défaillances dans les mécanismes de contrôle.