Rentrée des classes: le changement, c’est maintenant

Présentée en avril 2015 par la ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem, la réforme du collège entre en vigueur ce jeudi 1er septembre à l’occasion de la rentrée scolaire 2016. Décriée de part et d’autre, elle met en particulier l’accent sur l’interdisciplinarité, l’apprentissage des langues et un meilleur accompagnement des élèves en difficulté.

Axe privilégié de la politique gouvernementale et perpétuel sujet de controverses (partis politiques, syndicats, parents, enseignants, médecins, intellectuels etc. ont tour à tour mis leur grain de sel, et un peu plus, dans le débat), la réforme du collège entre en vigueur en cette rentrée des classes 2016 qui coïncide avec la dernière année du quinquennat de François Hollande. Présentée en avril 2015 par la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, la réforme vise à redynamiser le collège unique créé en 1975 et à favoriser l’égalité des chances, un thème cher à la gauche. Cette réforme s’accompagne de nouveaux programmes, de nouveaux manuels et d’un nouveau livret scolaire qui pourra être consulté en ligne.

Sans être totalement révolutionnaire, la réforme met particulièrement en avant des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) à partir de la classe de 5e. Ces EPI qui, comme leur nom l’indique, mêlent plusieurs disciplines au sein d’un même cours, comportent huit thèmes spécifiques :  Information, communication, citoyenneté ; Langues et cultures de l’Antiquité ; Langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales ; Monde économique et professionnel ; Corps, santé, bien-être, sécurité ; Culture et création artistiques ; et enfin Sciences, technologie et société. Le but est que les élèves du secondaire étudient deux de ces EPI par an, l’objectif final étant qu’ils aient suivi au moins six des huit thématiques en trois ans, entre la 5e et la 3e.

Un effort sur les langues

Jusque-là réservé aux élèves de 6e et facultatif, l’accompagnement personnalisé est étendu à tous les élèves du collège, « les plus fragiles comme les plus performants » stipule le texte qui précise aussi qu’une « analyse des acquis et des besoins » doit permettre d’organiser ces temps d’accompagnement. Dans le cadre de la réforme, chaque établissement pourra donc attribuer 20% de son emploi du temps à du travail en petit groupes, à de l’accompagnement personnalisé (3 heures hebdomadaires en 6e, au moins 1 heure ensuite) et aux fameux enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI).

Autre grand chantier : l’apprentissage des langues, domaine où les Français en général sont à la traîne par rapport à la plupart des autres ressortissants de l’Union européenne. Désormais, les écoliers commenceront la première langue vivante (LV1) dès le CP et non plus à partir du CE1 et la deuxième langue vivante (LV2) à partir de la 5e et non plus à partir de la 4e. Au total, chaque élève aura 54 heures de cours en plus dans chaque langue sur l’ensemble de sa scolarité.

Le déficit qualitatif dans ce domaine concernant aussi les enseignants, une meilleure formation des maîtres va être mise en place et l’accent sera mis aussi sur un enseignement « plus ludique » des langues. En ce qui concerne les langues anciennes, la disparition des options latin et grec, qui avait provoqué un tollé, a été rattrapée par « initiation aux langues de l’Antiquité » qui figure dans un des EPI cités plus haut et par un enseignement de complément, qui s’ajoutera donc aux 26 heures de cours hebdomadaires. D’une façon générale, l’enseignement va s’inscrire dans un « socle commun de connaissances de compétences et de culture » qui s’articule autour de cinq domaines de formationet qui définit ce que chaque élève doit avoir acquis à 16 ans.

Décriés par leurs détracteurs qui y voient un « nivellement par le bas », les nouveaux programmes ne sont plus annuels mais conçus pour des cycles de trois ans (du CP au CE2, du CM1 à la 6e, de la 5e à la 3e) afin que « lorsqu’un élève n’a pas fini d’assimiler un savoir en CP, on puisse y remédier en CE1, voire en CE2 ». Ces nouveaux programmes s’accompagnent de nouveaux manuels de français, de mathématiques et d’histoire-géographie pour les collégiens (de la 6e à la 3e). Pour les écoliers du primaire, cela devrait prendre plus de temps, selon les finances des mairies. Autre nouveauté : l’apprentissage du codage informatique à partir du CE1, une nécessité à l’heure d’Internet. Au total, cette réforme devrait permettre la création de 4 000 postes, sur les 60 000 promis pour l’éducation sur la durée du quinquennat.

Un contexte particulier

Qualifiant de « chronophages » un certain nombre de ces mesures et exprimant à la fois leur « lassitude » et leur  « inquiétude » face aux « incertitudes » de cette rentrée, le Snes-FSU, premier syndicat d’enseignants du secondaire, a d’ores et déjà programmé une journée de grève le 8 septembre pour manifester contre cette réforme et inviter les enseignants à la « résistance pédagogique ». Les enseignants ont par ailleurs été invités par le syndicat à organiser des assemblées générales dans les établissements ce mercredi 31 août, veille de rentrée, afin de « faire remonter les principaux problèmes rencontrés »

Non incluse dans la réforme évidemment, mais tellement présente qu’on ne peut l’occulter compte-tenu de la menace terroriste : la sécurité sera aussi au centre des préoccupations de cette rentrée. Plus de 3 000 réservistes de la gendarmerienationale seront sur pied jeudi pour se prémunir d’éventuelles attaques et des patrouilles mobiles seront mobilisées tout au long de l’année aux abords des établissements scolaires.

Signe des temps, les élèves de 3e seront formés aux premiers secours durant l’année scolaire, un test d’envoi de message d’alerte aux établissements sera effectué la veille de la rentrée et un exercice de simulation des mesures à adopter en cas d’attentat sera dispensé dans toutes les classes, si possible avant la Toussaint. Afin de ne pas sombrer non plus dans la psychose, les enseignants sont cependant invités à s’appuyer sur des « logiques ludiques » pour répéter ces exercices, une responsabilité dont il seraient bien passés mais qui s’avère malheureusement nécessaire, pour ne pas dire indispensable.

(Avec AFP)

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