Il y a comme une odeur de cartable et de cahier neufs ce matin dans la plupart des foyers : c’est la rentrée des classes pour près de 13 millions d’élèves, de la maternelle au lycée.
Et cette année, il y a « du neuf pour tous les âges », s’exclame Le Parisien. En effet, les nouveautés sont légion. L’anglais dès le cour préparatoire ; les programmes par cycles de 3 ans ; le livret unique jusqu’à la 3e ; une deuxième langue dès la 5e ; des matières croisées, les fameux EPI, enseignements pratiques interdisciplinaires ; l’arrivée de l’oral au brevet ; et enfin, au lycée, le droit de redoubler son bac dans son établissement d’origine et le redoublant pourra conserver ses notes égales ou supérieures à 10.
« Jamais une rentrée n’a offert tant de nouveautés. Tous les niveaux sont concernés. Pari osé ou trop risqué ? », s’interroge Le Parisien.
« Sur le terrain, ça va forcément tanguer », commente Claude Lelièvre, historien de l’éducation, interrogé par le journal.
En tout cas, pointe Libération, « en matière scolaire, l’équipe Hollande a mis en œuvre ce qu’elle a promis, pour l’essentiel. On peut faire mieux, ajuster, écouter les critiques, affiner les réformes. Mais enfin, on a avancé, en tout cas du point de vue progressiste dont se réclament par ailleurs la majorité des enseignants. »
En effet, complète L’Est Républicain, « huit milliards investis, une revalorisation salariale, plus de 50.000 emplois créés… l’effort est significatif. Le mandat a été marqué par deux réformes d’envergure : celles des rythmes scolaires et du collège. Si la première (5 jours d’école), reste contestée, elle a pris corps. La seconde, elle, entre en piste aujourd’hui. Et elle brise un des totems de l’enseignement : celui des disciplines (avec ces fameux EPI). Puisque, pour parler du Moyen Âge, de l'ADN ou de communication, il faudra mettre les professeurs autour d’une même table. »
Un mal profond ?
Il n’en reste pas moins que certains syndicats d’enseignants appellent à la grève dès jeudi prochain… « En cause, pointe Le Républicain Lorrain, la mise en œuvre de la réforme du collège qui pourrait bien raviver la fronde enseignante et gâcher la dernière rentrée de Najat Vallaud-Belkacem. (…) Au-delà des mesures dénoncées par une partie des syndicats, tous crient leur ras-le-bol d’un empilement de réformes qu’aucune ardoise magique ne parvient à résorber. »
L’Alsace dresse ce triste constat : « l’école ne remplit que partiellement son rôle, tant en matière d’éducation que d’instruction. Et ce ne sont pas les nouveaux programmes entrant en vigueur du CP à la troisième ou la réforme du collège qui y changeront grand-chose. Le mal est plus profond (…). Le service de l'Éducation nationale méritait un diagnostic posé et réfléchi plutôt qu’une accumulation de chambardements sans lien les uns avec les autres. Le résultat, constate encore L’Alsace, est qu’enseigner relève de plus en plus du sacerdoce avec des élèves de plus en plus difficiles et des parents qui ont abandonné une grande partie des règles éducatives à l’école. »
Pourtant, relève L’Est Eclair, « il est au moins un point sur lequel la classe politique -de droite comme de gauche- se rejoint: l’idée que l’éducation occupe une place majeure pour la cohésion sociale, l’apprentissage des valeurs et des règles de la République. »
Et « l’essentiel pour nous tous, complète La Presse de la Manche, ce sont les hommes et les femmes de demain qui apprennent, s’éduquent, se forment. Disposer de solides racines, avoir de bonnes bases, ce n’est pas se replier, c’est au contraire être suffisamment solide, bien avec soi-même, pour s’ouvrir aux autres. Y a-t-il plus urgent en ces temps difficiles que d’apprendre pour savoir, pour connaître, pour ne pas craindre ni le monde extérieur, ni les confrontations d’idées ? »
Fraude au Gabon ?
A la Une également, la courte victoire d’Ali Bongo à la présidentielle gabonaise… Les violences se sont poursuivies cette nuit à Libreville et à Port-Gentil. « La situation est d’autant plus tendue, note Le Figaro, que le résultat est furieusement serré, et que la campagne électorale, délétère et méchante, a chauffé à blanc des esprits qui n’en avaient pas besoin. Ali Bongo n’a officiellement qu’à peine plus de 5.500 voix d’avance sur quelque 627.000 électeurs inscrits, une source immense de contestation, de frustrations et de fureur pour envenimer la situation. (…) La colère, poursuit Le Figaro, se concentre sur la province du Haut-Ogooué, fief d’Ali Bongo, qui a officiellement voté à 95 % pour lui avec plus de 99 % de participation, quand ailleurs elle ne dépasse pas 60 %. Sur 71.000 électeurs inscrits, une grosse cinquantaine seulement ne se seraient pas prononcés. 'C’est ridicule, accuse René Ndemezo Obiang, le directeur de campagne de Jean Ping, interrogé par le journal. Ces chiffres sont tombés en dernier pour permettre à M. Ali de combler son retard. C’est là que se tient la fraude'. »
Pour Sud-Ouest, « face à la contestation des résultats, il est impératif que le camp Bongo accepte le recomptage et que le camp Ping choisisse la voie légale pour tenter d’inverser le résultat. Et la France, qui s’est tenue à l'écart, évitant en tout cas une ingérence voyante, doit, avec les autres acteurs internationaux, user de son influence pour que le conflit gabonais se règle par le dialogue et ne sombre pas dans l’irréparable. »
Certes, l’Union européenne et la France demandent un recomptage des voix. Mais, relève Libération, « maintenant qu’Ali Bongo a fait publier les résultats qui le donnent vainqueur, il est hautement improbable qu’il consente à céder la place. Jean Ping, 73 ans, ex-Premier ministre et vieux connaisseur du clan Bongo, le sait parfaitement. S’il appelle à des manifestations, la répression ne se fera pas attendre. »
Elle est d’ailleurs en cours.
La voix de l’EI s’est tue…
Enfin, la mort du porte-parole de Daech, Al-Adnani… « C’en est fini de la voix de l’EI », titre Libération qui note que « les Etats-Unis et la Russie se disputent la responsabilité de son élimination. »
La mort d’Al-Adnani va-t-elle affaiblir Daech ? s’interroge La Croix. Pour François Burgat, politologue au CNRS, interrogé par le journal, « la disparition d’une tête n’est jamais décisive dans une organisation comme Daech. » En tout cas, pour Elie Tennenbaum, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), « cette nouvelle est un vrai succès pour la coalition. Al Adnani était le visage et la voix de Daech dans le monde. »