Il est critiqué, accusé d'avoir dévoyé la gauche et fait du mal au pays par trois de ses anciens ministres (Benoît Hamon, Cécile Duflot et Arnaud Montebourg). Mais le locataire de l'Elysée ne veut pas entrer dès maintenant dans l'arène. François Hollande a le temps : jusqu'au 15 décembre pour déposer sa candidature à la primaire de la gauche. Le président lui-même a confié qu'il ne se dévoilerait pas avant décembre, candidat ou pas.
Costume présidentiel
François Hollande a tout intérêt à garder son costume présidentiel pour apparaître comme l'homme du rassemblement et laisser les autres s'essouffler avant de se lancer. Autre raison de ne pas se précipiter : l'actualité politique, jusqu'à la fin novembre, sera en partie consacrée à la primaire de la droite. Surtout en cette période plombée par la menace terroriste, les questions de sécurité vont toujours occuper l'esprit des Français. Le chef de l'Etat va continuer à se poser en « rempart », du haut du sommet de l'Etat.
Sécurité et nation
L'entourage du président laisse entendre qu'il pourrait prononcer un grand discours, comme celui pour les 80 ans du Front populaire. Peut-être début septembre devant la fondation Terra Nova, proche de la gauche. Il devrait en tout en cas en profiter pour envoyer quelques signaux à son camp. Enfin, François Hollande pourrait aussi faire un « geste fiscal » en direction des classes moyennes. Une baisse d'impôts, c'est toujours bon en année électorale.
Hors de la mêlée ?
Rester au-dessus de la mêlée ne veut pas dire être en dehors du terrain. Cet été, avant cette rentrée, François Hollande a profité du creux de l'actualité pour faire passer plusieurs messages. Lors d'un « off » avec la presse, dans l'avion qui le ramenait des JO de Rio, puis dans un livre de conversations avec des journalistes. Il a « envie » de se représenter mais il envisage aussi un échec.
Il se libère aussi de sa promesse d'inverser la courbe du chômage, et dévoile son angle d'attaque pour 2017 : « Apparaître comme nouveau aux yeux des Français ». Ce qui s'annonce difficile, puisque ses rivaux vont le ramener à son bilan. Mais pendant que ses adversaires vont battre la campagne, François Hollande, lui, va parcourir le monde.
Président en action
Le chef de l'Etat français s'envole ce lundi pour l'Italie, où l'attendent Angela Merkel et Matteo Renzi. Réunion à trois pour préparer l'après-Brexit. Jeudi, il sera ensuite aux côtés des dirigeants sociaux-démocrates européens dans les Yvelines. Il retrouvera la chancelière allemande le 2 septembre à Evian, puis ira au G20 en Chine, avant le Vietnam, un sommet des pays du sud de l'Europe en Grèce, et un déplacement en Roumanie. Le tout conclu par un sommet des Vingt-Sept en Slovaquie.
Le piège de la primaire
François Hollande a finalement accepté qu'une primaire soit organisée dans son camp, et donc d'y participer s'il se présente. En réalité, il espère que ses adversaires se rangeront derrière lui. Tous connaissent la règle d'une primaire : celui qui perd s'engage à soutenir le vainqueur. C'est pour cela qu'Arnaud Montebourg veut qu'elle soit la plus ouverte possible, pour ne pas se retrouver piégé dans une élection verrouillée par les Hollandistes.
Si François Hollande gagne la primaire, ses rivaux seront contraints de le suivre ou seront démonétisés. Un pari qui peut paraître ambitieux aujourd'hui. Mais le chef de l'Etat français compte sur les divisions du camp adverse pour tirer son épingle du jeu et refaire le coup de la « synthèse », sa spécialité lorsqu'il dirigeait le Parti socialiste entre 1997 et 2008.