France: Arnaud Montebourg se lance dans la course à la présidentielle

Lors d'un discours fleuve à Frangy-en-Bresse, l'ancien ministre du Redressement productif a officialisé sa candidature à l'Elysée et multiplié les piques à l'encontre de son actuel occupant, dont « le bilan n'est pas défendable », selon Arnaud Montebourg.

Arnaud Montebourg a annoncé ce dimanche 21 août sa candidature à la présidentielle de 2017, à Frangy-en-Bresse, en Saône-et-Loire. Dans un discours fleuve lors de la traditionnelle « Fête de la rose », rebaptisée pour l'occasion « fête populaire », l'ancien ministre socialiste s'est déclaré candidat et a dévoilé un embryon de projet présidentiel qui se veut socialiste, mais surtout « un projet de gauche, une gauche ancrée dans la réalité ».

« Je suis revenu pour agir, pour m'engager et cette fois, pour réussir, a déclaré l'ancien ministre du Redressement productif. Si je suis candidat au rassemblement d'une majorité de Français, c'est d'abord parce qu'il m'est impossible, comme à des millions de Français, de soutenir l'actuel président de la République ». « J'aurais aimé pouvoir le soutenir et vous appeler à le faire avec moi, a-t-il poursuivi. Non pas parce que je serais l'un de ses inconditionnels - je ne l'ai jamais été - mais parce que je suis de gauche ».

Allusion implicite à François Hollande

« Le bilan de ce quinquennat n'est pas défendable. Le temps n'est plus à l'immobilisme, à la tergiversation ou à la synthèse molle », a lancé l'ancien ministre, devenu entrepreneur après son éviction du gouvernement il y a deux ans, visant sans le nommer François Hollande.

Parmi les plus marquantes de ces propositions, issues des suggestions des internautes et du travail de plusieurs groupes d'experts pilotés par l'ancien ministre et par le député frondeur Laurent Baumel : l'annulation progressive pour les classes moyennes et populaires de toutes les hausses d'impôts décidées ces cinq dernières années.

« On ne gèrera plus un système qui s'écroule, on devra le transformer au contraire et le changer », a encore affirmé le champion du « Made in France », qui a plaidé pour la fin de l'austérité et « le redécollage de l'économie », la lutte contre le terrorisme, le sauvetage de l'Europe « dans la situation d'une entreprise quasiment en faillite », et la refondation du système démocratique.

Suspens sur sa participation à la primaire

En revanche, Arnaud Montebourg n'a rien dit sur sa participation, ou non, à la primaire de la gauche. Le prétendant à l'Elysée a tout intérêt à faire durer le suspens. Sur le principe, il n'a rien contre la primaire. Il revendique d'ailleurs la paternité de celle de 2011. Mais cette fois, c'est une autre histoire.

Pour Arnaud Montebourg, le compte n'y est pas : avant d'y aller, il veut que le scrutin soit le plus large possible. 11 mille bureaux de vote, comme il y a 5 ans. Bien loin des 4 à 5 mille évoqués par la direction du PS, faute de temps. L'ancien ministre ne veut pas d'un « petit » scrutin. Arnaud Montebourg craint que seuls les adhérents les plus engagés y participent et que cela soit autant de voix faciles pour le président sortant.

Autre condition : il demande un chef du PS impartial. Là aussi, il y a du travail. Dimanche, dans la presse, Jean-Christophe Cambadélis ironisait sur la multiplication des candidatures à gauche, des « Pokémon ».

Pour l'instant, ne rien dire sur ses intentions lui donne plusieurs avantages : il garde un moyen de pression sur le PS et reste au-dessus de la mêlée. Et puis il est suffisamment connu et visible dans les médias pour faire cavalier seul, quelques mois au moins.

Surtout, il occupe l'espace laissé encore vacant par le chef de l'Etat qui ne se déclarera pas avant le mois de décembre. D'ici là, le chantre du « made in France » va enchaîner les interventions dans les médias et les déplacements et certainement attendre le dernier moment pour se décider. Les postulants ont jusqu'au 15 décembre pour déposer leur candidature.

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