Nassir Ran nettoie une plaque de cuisson toute rouillée devant sa tente. Arrivé il y a quelques jours en France, cet Afghan de 23 ans vit très mal ses premiers instants dans le camp de Calais. « Je dors très peu, il fait froid dans ma tente, dit-il. Et il y a beaucoup trop de monde. La vie est très difficile. En Afghanistan, il y a la guerre alors tout le monde vient ici. Et c'est un problème, il y a beaucoup de tensions. Pas d'endroit où dormir. Pas de travail. Pas de vie en fait. »
Entre 50 et 100 réfugiés arrivent chaque jour sur ce campement et le manque de place se fait criant. Du coup, l'ambiance s'est particulièrement tendue comme l'explique François Guennoc, vice-président de l'association l'Auberge des migrants :
« Il y a un climat de tension sur le camp notamment lié à une relative pénurie en alimentation, en vêtements, etc. Liée aussi aux conditions psychologiques des personnes : le stress du voyage, les difficultés pour passer en Grande-Bretagne, les difficultés pour partir en Centres d'accueil et d'orientation (CAO). Tout cela crée un climat de tension qui n’explose pas en permanence, mais qui peut exploser à l’occasion juste d’une simple bagarre dans une file d’attente et dégénérer. Et se traduire comme ça s’est traduit il y a à peu près deux mois par des bagarres généralisées, des incendies, etc. »
Ces arrivées massives dans la « jungle de Calais » sont causées par la situation des migrants à Paris, estime François Guennoc. « Depuis début août, la police à Paris chasse les gens pour éviter la construction de camps alors qu’auparavant elle les évacuait, aujourd’hui, elle essaye d’empêcher les camps de se créer et du coup il est possible que ça ait amené un peu plus de personnes aussi sur Calais. »
Rentrer en Angleterre est de plus en plus compliqué. Et ce sont les passeurs qui font des affaires. Pour un passage garanti, il faut désormais débourser 12 000 euros. Soit le double d'il y a trois mois.
→ A (re)lire :Jungle de Calais: une ONG britannique dresse le portrait de ses habitants