France: la justice confirme l'interdiction du burkini sur les plages de Cannes

Le tribunal administratif de Nice a confirmé la décision de la mairie de Cannes d'interdire le burkini sur ses plages, estimant que dans le contexte d'état d'urgence, il ne pouvait s'agir d'un « simple signe de religiosité  ». Une ville voisine de Cannes, Villeneuve-Loubet, a par ailleurs également interdit ce maillot de bain couvrant tout le corps et porté par certaines femmes musulmanes.

Le tribunal administratif de Nice a rejeté ce samedi 13 août la demande de suspension de l'arrêté municipal pris le 28 juillet par la mairie de Cannes pour interdire la baignade en burkini sur ses plages. La justice administrative avait été saisie la veille par trois particulières et le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF).

Le juge indique que « dans le contexte d'état d'urgence et des récents attentats islamistes survenus notamment à Nice il y a un mois, le port d'une tenue vestimentaire distinctive, autre que celle d'une tenue habituelle de bain, peut en effet être interprétée comme n'étant pas, dans ce contexte, qu'un simple signe de religiosité  ».

Le CCIF va faire appel

Feïza Ben Mohamed, porte-parole du CCIF, critique un argumentaire « qui ne tient pas la route ». « On ne peut pas considérer qu’on va bafouer les libertés individuelles de la communauté musulmane juste pour rassurer, on ne peut pas considérer que ça puisse être pris en compte comme étant une mesure contre le terrorisme », s'insurge-t-elle. Elle se dit également choquée par le fait que le principe de laïcité ait été évoqué. « C’est précisément que la République est laïque qu’on a introduit ce référé, c’est parce qu’elle est laïque que l’arrêté du maire de Cannes était illégal », affirme-t-elle.

Me Sefen Guez Guez, avocat du CCIF, a fait part de son intention, au nom de son client, de faire appel de cette ordonnance devant le Conseil d'Etat, expliquant que « cette décision ouvre la porte à l'interdiction de tout signe religieux dans l'espace public ».

Le 28 juillet, le maire Les Républicains (LR) de Cannes, David Lisnard, avait pris cet arrêté disposant que « l'accès aux plages et à la baignade est interdit à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes moeurs et de la laïcité, respectant les règles d'hygiène et de sécurité des baignades adaptées au domaine public maritime  ». Porté par certaines femmes musulmanes, le burkini couvre intégralement le corps, par souci de pudeur, sans dissimuler pour autant le visage.

Interdiction du burkini à Villeneuve-Loubet

Le 5 août, le maire, lui aussi LR, de Villeneuve-Loubet, Lionnel Luca, a pris à son tour un arrêté interdisant la baignade en burkini sur les plages de sa commune. « On m'a signalé sur l'une de nos plages un couple dont l'épouse se baignait habillée, explique l'édile, et j'ai considéré que cela n'avait pas lieu d'être pour des raisons d'hygiène et que cela était malvenu compte tenu du contexte général ».

Affichant sa volonté « d'éviter tout trouble à l'ordre public dans une région marquée par les attentats », l'élu réfute toute accusation de discrimination. « La République, ce n'est pas venir à la plage habillé en affichant ses convictions religieuses, d'autant que ce sont de fausses convictions, car la religion ne demande rien » en la matière, estime Lionnel Luca.

Partager :