L’ancien maire de Nice avait été le premier à jeter l’opprobre quelques heures seulement après la course meurtrière. « Pourquoi et comment cet homme a-t-il pu pénétrer sur la Promenade des Anglais qui était pourtant piétonnisée ? » , questionnait Christian Estrosi au lendemain de l’attaque.
Des critiques à peine voilées sur le dispositif de sécurité présent sur la Promenade des Anglais à l’occasion de la fête nationale, balayées d’un revers de main par le gouvernement. Ainsi, samedi 16 juillet, à la sortie d’un Conseil de défense restreint, Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, confirmait la présence de la police nationale au niveau de l’accès à la zone piétonne de la Promenade des Anglais, comme l’avait fait plus tôt la préfecture des Alpes-Maritimes.
Des accusations photos à l’appui
Dans son édition du 21 juillet, le quotidien Libération met en doute les affirmations du ministre. Selon les auteurs de l’enquête, au moment de l’attaque, l’accès à la zone piétonne établie sur la promenade des Anglais n’était gardé que par une voiture de police municipale.
Citant plusieurs témoignages, le quotidien affirme que des membres de la police municipale avaient relevé l’équipe de police nationale présente sur place deux heures avant le drame. En Une, Libération publie d’ailleurs une photo sur laquelle on peut voir deux agents de la police municipale gérer la circulation.
Selon le journal, la police nationale serait, elle, placée au cœur de la promenade rendue piétonne, à 370 mètres de là. C’est elle qui a permis d’arrêter l’assaillant après des échanges de tirs.
Indignation place Beauvau
Avant même la distribution des journaux, ce jeudi 21 juillet, Bernard Cazeneuve a souhaité réagir à ces accusations. Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur qualifie ces informations de « contre-vérité », affirmant également que le premier barrage franchi par le camion était un « point de déviation de la circulation et de contrôle visuel ».
« A aucun moment », il n’y a eu un « mensonge des autorités », a renchéri le préfet des Alpes-Maritimes. Quelques heures après la publication de cet article, le ministre de l'Intérieur a pourtant annoncé avoir saisi l'Inspection générale de la police nationale dans la matinée. La police des polices est donc chargée d'enquêter sur le dispositif de sécurité mis en place à Nice le 14 juillet et rendra son rapport la semaine prochaine.
Des failles de sécurité avant le 14 juillet
La polémique enfle, l'enquête judiciaire continue. Elle a d’ores et déjà montré que le chauffeur avait repéré les lieux avant l’attaque. Les caméras de surveillance ont en effet montré qu’il s'était rendu sur la promenade à deux reprises, les 12 et 13 juillet.
Pourtant, le camion n'aurait jamais dû arriver là. La Promenade des Anglais est en effet interdite d'accès aux véhicules de plus de 3 tonnes 5. Le camion de 19 tonnes ayant servi à l’attentat était donc largement concerné par cette interdiction.
Si des dérogations pour les véhicules de déménagement ou de livraison existent, délivrées par la mairie de Nice, le camion n'en avait aucune. Il a pourtant effectué plusieurs aller-retour sur la Promenade des Anglais sans alerter personne.
L'enquête de l'IGPN doit désormais répondre aux interrogations soulevées par cette polémique sur la police nationale, mais il semble aussi y avoir d'autres failles de la sécurité en amont. Elles pourraient concerner directement la mairie de Nice.