Même scénario, même conclusion. Comme lors du premier passage du projet de loi Travail à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Manuel Valls a engagé la responsabilité de son gouvernement en utilisant l’article 49-3 de la Constitution. Et comme la première fois, écologistes, Front de Gauche et frondeurs du PS ont échoué à déposer une motion de censure à deux voix près – 56, contre les 58 nécessaires. Mais entre-temps, les choses ont changé.
Matignon et l'Elysée ont dégainé leur arme anti-censure : la primaire qui sera organisée en janvier prochain. Ils ont également agité la menace d'exclure les signataires d'une motion. A un an des législatives, certains députés n'ont donc pas osé franchir le pas. D’autres n'ont pas voulu prendre le risque de laisser le PS à Manuel Valls et ont vu dans la primaire l'opportunité rêvée de régler leurs comptes.
Ceux qui ont signé la motion ne seront finalement pas sanctionnés. D'abord, parce que le texte n'a même pas été déposé. Ensuite, parce que la majorité est assez divisée comme cela. Et même encore plus qu'avant. Des mots d'une très grande violence ont été échangés depuis deux jours. Même Bruno Le Roux, le président du groupe PS à l'Assemblée, s'en est pris aux frondeurs, et notamment à leur chef, Christian Paul, député de la Nièvre en se fendant d’un commentaire acerbe sur Twitter. Une référence aux numéros de ces départements : 56 et 58.
Les socialistes ressortent lessivés de ce nouvel affrontement. « On est cocus deux fois, coincés entre l'enclume des frondeurs et le marteau de Valls », résume un député habituellement proche du gouvernement. Et Christian Paul l’assure : les frondeurs continueront à faire du bruit. « La suite, c’est de défendre à l’Assemblée nationale nos convictions, défendre les salariés français. Il est évident que ce qui s’est joué aujourd’hui était important, mais ça n’est pas une fin pour nous. Ça n’est pas un début et ça n’est pas une fin », estime-t-il.
Après un rapide passage au Sénat, le projet de loi travail retournera à l'Assemblée nationale pour une adoption définitive le 20 juillet, où le gouvernement aura la possibilité, si nécessaire, de faire encore jouer l'article 49-3.