Euro 2016: les «fan-zones», objet de toutes les craintes

Alors que l’Euro de football commence vendredi 10 juin, la peur d’un attentat est toujours présente en France. Selon un récent sondage, trois Français sur quatre redoutent une attaque pendant la compétition. Sept à huit millions de personnes sont attendues dans les fan-zones.

A deux jours du début de la compétition européenne, la crainte d’un attentat est dans tous les esprits. Les « fan-zones », ces lieux de rassemblement de supporters installés au cœur de 10 villes hôtes, font l’objet de toutes les inquiétudes. Dans un courrier au ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve fin mai, le préfet de police de Paris Michel Cadot a ainsi plaidé pour la fermeture de la « fan-zone » du Champ-de-Mars les jours de matches au Parc des Princes et au Stade de France.

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Même si des renforts de policiers sont prévus, les craintes du préfet portent sur le manque d'effectif des forces de l'ordre pour sécuriser le lieu qui peut accueillir jusqu'à 92 000 personnes.

« Je ne conseillerai pas à mes enfants d’aller dans une 'fan-zone' » (V. Pécresse)

« S’il y a le moindre incident dans une 'fan-zone', la moindre suspicion de risque terroriste, le moindre dérapage de casseurs ou de hooligans, il faudra interdire ces fan-zones les soirs de matches à Paris. Parce que nos policiers sont exténués – ils ont géré les inondations, ils ont géré le risque terroriste, ils ont géré Nuit Debout. Moi, je ne conseillerai pas à mes enfants d’aller dans une 'fan-zone' », a également réagi la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse.

En tout, sept à huit millions de personnes sont attendues dans ces « fan-zones ». De quoi donner quelques sueurs froides aux autorités. Lors d’une audition à l’Assemblée nationale le mois dernier, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) Patrick Calvar avait ainsi mentionné le risque d’un attentat à la bombe dans les lieux très fréquentés.

Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement, cherche cependant à rassurer. « Ces 'fan-zones' ont été mises en place avec une commission autour du ministre de l’Intérieur et d’Alain Juppé. Elles doivent assurer des conditions de sécurité qui seront équivalentes à celles qu’on a lorsqu’on rentre dans un stade », a-t-il déclaré.

Si d'importantes mesures de sécurité ont été mises en place autour des stades et des « fan-zones », les autorités redoutent particulièrement une attaque contre ceux que le jargon policier qualifie de « cibles molles », par exemple des supporters qui se rassembleraient en nombre dans des bars les soirs de matches.

Les drones représentent une autre menace. Dix stades et 24 centres d'entraînement seront ainsi équipés d'un système de détection et de neutralisation de ces engins volants. Facilement accessibles dans le commerce et utilisables, ils peuvent par exemple transporter des explosifs ou des produits chimiques.

Une appli « alerte attentat »

Pour répondre à ce risque d’attaque terroriste, le gouvernement a lancé ce mercredi 8 juin une application capable de prévenir dans les 15 minutes ses utilisateurs d’une « crise majeure » de terrorisme. Téléchargeable sur Apple et Androïd, et disponible en français et en anglais, cette application baptisée « SAIP », pour Système d’alerte et d’information des populations, permet à chacun d’être alerté directement sur son smartphone « en cas de suspicion d’attentat ou d’événement exceptionnel », telle qu’une attaque nucléaire ou la rupture d’un barrage. Elle complète en cela l’habituel dispositif d’alertes.

Dans les 15 minutes suivant l’alerte déclenchée par la préfecture, l’utilisateur de SAIP reçoit une notification du type « Intervention en cours de forces de l’ordre et de secours suite à un attentat. Abritez-vous. Ne vous exposez pas ». S’il accepte d’être géolocalisé, il reçoit une alerte précisant la nature du danger et le comportement à adopter dès qu’il entre dans une zone à risque ou s’il est présent au moment d’une attaque.

Quelque 42 000 policiers et 30 000 gendarmes vont être mobilisés pendant la compétition où 2,5 millions de supporters étrangers sont attendus.

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