Au tribunal correctionnel de Paris, David Thomson
D’entrée de jeu, la défense s’est opposée en bloc à la constitution de partie civile de l’association des victimes du terrorisme refusant que l’ombre du 13 novembre plane sur le procès. « Nous n’avons aucun attentat, aucune victime dans ce dossier », s’insurge l’avocate de Karim, le frère d’un des kamikazes du Bataclan.
Dès l'ouverture de l'audience, Karim a condamné les attentats du 13 novembre. « On n’a aucune responsabilité dans ce qui s’est passé, explique le jeune homme de 25 ans à la barbe très fournie et aux cheveux longs. On est tous fans de football. Le soir des attentats, on regardait le match. Mon frère a fait ce qu’il a fait, mais nous, on ne veut pas être assimilés à cela. »
La juge a ensuite demandé à chacun des sept prévenus l’objectif de son départ en Syrie. « Ma motivation était fraternelle et humaine », explique l’un d’eux. « Je voulais aider mes frères syriens », raconte un autre. Un seul avoue être parti pour combattre. « Je m’informais sur Internet. J’ai vu des images qui ne m’ont pas laissé insensible. J’ai voulu partir là-bas pour combattre le régime de Bachar el-Assad », a-t-il affirmé.
Tous viennent de Strasbourg. La plupart vivaient de petits boulots – usine, intérim, marchés… L’un d’eux était footballeur semi-professionnel en Allemagne. Un seul a fait deux années d’études à l’université. Ce groupe de dix amis était parti ensemble en Syrie fin 2013. Sept d’entre eux étaient revenus en France avant d’être arrêtés en mai 2014. Deux autres ont été tués dans des combats entre rebelles. Le dernier, Foued Mohamed-Aggad, a été l’un des trois kamikazes du Bataclan.