Le gouvernement aurait-il accepté d'entendre la voix des opposants sur la loi du travail ? Alors que la réunion entre Manuel Valls et les partenaires sociaux approche, les membres du gouvernement ont massivement réagi ce matin dans la presse et sur les réseaux sociaux.
A commencer par Myriam El Khomri. Sur France Info, la ministre du Travail a évoqué deux pistes pour tenter d'apaiser la contestation : une surtaxation des CDD pour inciter les entreprises à avoir plus recours aux CDI, et la question des apprentis.
« Aujourd'hui, on le voit, cette surcotisation n'a pas eu l'effet escompté, puisqu'on est quand même le deuxième pays utilisateur de l'Union européenne de contrats à durée déterminée (CDD) de moins d'un mois », a souligné la ministre du Travail.
De son côté, Jean-Marie Le Guen a précisé : « On m'a posé la question hier, un de vos confrères m'a dit : est-ce que cette question fait partie de la discussion ? Oui, elle a été posée par un certain nombre de partenaires sociaux donc elle est forcément sur la table de discussion. Est-ce qu'elle est décidée par le gouvernement ? En aucune façon je n'ai avancé cette idée », a déclaré sur Radio Classique et Paris Première le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.
A noter que les CDD courts sont déjà surtaxés depuis un accord signé en 2013.
« Page blanche »
L'annonce sur le CDD a été un soulagement pour Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste : « La taxation des CDD, je dirais : enfin ! », a-t-il précisé sur RFI : « Mais si c'est pour mettre quelques petites mesures comme ça en laissant intact le reste du projet, c'est-à-dire en gros pour faire avaler la pilule, cela ne passera pas. »
Concernant les apprentis de moins de 18 ans, le texte de loi indique qu’ils pourront travailler jusqu'à 40 heures par semaine « à titre exceptionnel ou lorsque des raisons objectives le justifient ». « Cette question a provoqué des questionnements légitimes (...) et, en effet, c'est sur la table, pour retirer cette proposition », a commenté Myriam El Khomri.
Manuel Valls va rencontrer les organisations de jeunesse
Sur France 2, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a pour sa part estimé que les manifestations d'étudiants et de lycéens constituaient une « mobilisation sérieuse qu'il faut écouter ». En réponse, elle a annoncé que le Premier ministre, Manuel Valls, recevrait dans les prochains jours les organisations de jeunesse, comme les syndicats étudiants et lycéens Unef, Fidl et UNL.
A contrario, François Chérèque, président de l'Agence du service civique, a remis en cause sur LCI la présence des jeunes dans les cortèges des manifestations : « la jeunesse qui souffre le plus n'est pas dans la rue ».
L'ancien leader de la CFDT a estimé que la mobilisation des jeunes était « comparable » à celle de 2006 contre le contrat première embauche (CPE). « Dix ans après, il n'y a pas de réponse. Droite comme gauche n'ont pas répondu à la question des jeunes », a-t-il déploré, reprochant aux politiques d'avoir « laissé les choses en plan ».