Projet de loi Travail: les CDD et la jeunesse au coeur des réactions

Au lendemain de manifestations qui ont rassemblé dans toute la France 224 000 personnes selon le ministre de l'Intérieur, jusqu'à 500 000 selon les organisateurs, plusieurs membres du gouvernement ont réagi le 10 mars. Pour tenter d’apaiser les contestations, quelques propositions ont été mises « sur la table ».

Le gouvernement aurait-il accepté d'entendre la voix des opposants sur la loi du travail ? Alors que la réunion entre Manuel Valls et les partenaires sociaux approche, les membres du gouvernement ont massivement réagi ce matin dans la presse et sur les réseaux sociaux.

A commencer par Myriam El Khomri. Sur France Info, la ministre du Travail a évoqué deux pistes pour tenter d'apaiser la contestation : une surtaxation des CDD pour inciter les entreprises à avoir plus recours aux CDI, et la question des apprentis.

« Aujourd'hui, on le voit, cette surcotisation n'a pas eu l'effet escompté, puisqu'on est quand même le deuxième pays utilisateur de l'Union européenne de contrats à durée déterminée (CDD) de moins d'un mois », a souligné la ministre du Travail.

De son côté, Jean-Marie Le Guen a précisé : « On m'a posé la question hier, un de vos confrères m'a dit : est-ce que cette question fait partie de la discussion ? Oui, elle a été posée par un certain nombre de partenaires sociaux donc elle est forcément sur la table de discussion. Est-ce qu'elle est décidée par le gouvernement ? En aucune façon je n'ai avancé cette idée », a déclaré sur Radio Classique et Paris Première le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.

A noter que les CDD courts sont déjà surtaxés depuis un accord signé en 2013.

« Page blanche »

L'annonce sur le CDD a été un soulagement pour Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste : « La taxation des CDD, je dirais : enfin ! », a-t-il précisé sur RFI : « Mais si c'est pour mettre quelques petites mesures comme ça en laissant intact le reste du projet, c'est-à-dire en gros pour faire avaler la pilule, cela ne passera pas. »

Concernant les apprentis de moins de 18 ans, le texte de loi indique qu’ils pourront travailler jusqu'à 40 heures par semaine « à titre exceptionnel ou lorsque des raisons objectives le justifient ». « Cette question a provoqué des questionnements légitimes (...) et, en effet, c'est sur la table, pour retirer cette proposition », a commenté Myriam El Khomri.

Manuel Valls va rencontrer les organisations de jeunesse

Sur France 2, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a pour sa part estimé que les manifestations d'étudiants et de lycéens constituaient une « mobilisation sérieuse qu'il faut écouter ». En réponse, elle a annoncé que le Premier ministre, Manuel Valls, recevrait dans les prochains jours les organisations de jeunesse, comme les syndicats étudiants et lycéens Unef, Fidl et UNL.

A contrario, François Chérèque, président de l'Agence du service civique, a remis en cause sur LCI la présence des jeunes dans les cortèges des manifestations : « la jeunesse qui souffre le plus n'est pas dans la rue ».

L'ancien leader de la CFDT a estimé que la mobilisation des jeunes était « comparable » à celle de 2006 contre le contrat première embauche (CPE). « Dix ans après, il n'y a pas de réponse. Droite comme gauche n'ont pas répondu à la question des jeunes », a-t-il déploré, reprochant aux politiques d'avoir « laissé les choses en plan ».

Partager :