Primes en liquide: Guéant condamné à deux ans de prison avec sursis

Claude Guéant, ancien ministre français de l'Intérieur, bras droit de Nicolas Sarkozy, a été condamné ce vendredi par la justice française pour l'affaire des primes en liquide du ministère de l'Intérieur. Il écope de deux années de prison avec sursis, 75 000 euros d'amende et cinq ans d'interdiction de toute fonction publique.

Le jugement est sévère, mais les attendus du tribunal, eux, sont saignants, estime notre envoyé spécial au tribunal, Franck Alexandre. Aucun texte ne prévoit la possibilité de rémunérer des fonctionnaires en espèce, notent les magistrats en préambule de leur délibéré. Les frais d’enquête et de surveillance de la police, utilisés par Claude Guéant pour améliorer une rémunération jugée trop étriquée, ont donc été détournés de leur objet.

Et Claude Guéant, indique le tribunal, a été l’initiateur de ce « détournement de fonds publics ». Haut fonctionnaire, il ne pouvait ignorer la loi de moralisation de la vie publique. Il a voulu remettre en place des « pratiques opaques et anciennes ». Il a par conséquent volontairement détourné la loi.

Puis dans leur analyse, les juges se montrent encore plus cruels. Véritable indécence à ne pas voir ce qu'il y a d'inégal, mépris assumé de la loi, atteinte d’une extrême gravité à l’ordre public dont il était le garant. Des mots qui ont blessé l’ancien haut fonctionnaire, affirme son avocat. Claude Guéant a décidé d’interjeter appel immédiatement.

Un avenir politique assombri

Une « atteinte aux valeurs républicaines. Une attitude qui participe à la défiance des Français à l'égard du personnel politiqueۚ. » Les mots du tribunal sont durs. Une gifle pour celui qui fut le bras droit de Nicolas Sarkozy à l'Elysée avant d'endosser le costume de premier flic de France.

L'ancien préfet, haut fonctionnaire, grand commis de l'Etat se retrouveaccusé de s'être « servi pour s'enrichir, au lieu de servir ». « C’est l’exact contraire de ce qu’a été ma vie », déclarait un Claude Guéant ému à la fin des débats le mois dernier.

Mais en attendant l'examen de son appel, l'avenir politique de Claude Guéant reste en suspens. Une épée de Damoclès qui à 70 ans pourrait évidemment mettre un coup d'arrêt à ses ambitions politiques et le tenir à l'écart des prochaines batailles de la droite.

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